• Après une tentative de révolte contre Dieu, Satan, escorté par ses légions d'anges, est chassé du Paradis. Dans le grand abîme, au palais de Satan, le Pandaemonium, a lieu le grand conseil des démons afin de restaurer la prophétie du "Monde Nouveau". Satan, élu par le conseil, se charge de la réaliser. Par supercherie, il passe les portes du ciel et arrive dans l'Eden. 

    Devant tant de beauté, Satan a un instant d'hésitation mais reste fidèle à son dessein, insufflant la tentation du fruit défendu à l'oreille d’Ève. Raphaël, messager de Dieu, informe Adam de la menace de "l'ennemi Satan" ; mais le mal veille, en serpent séducteur, et Ève se délecte du fruit défendu. Esseulé, Adam se résout à l'accompagner dans les affres de sa perte et mord dans le fruit défendu.  

    C'est dans le plaisir et la volupté qu'ils trouvent la consolation, avant de se rejeter l'un l'autre la faute et de ressentir la honte de leur nudité. A son retour au palais, Satan, victorieux, se rend compte qu'il a été trompé. Reconnaissant leur faute, Adam et Ève, par le repentir et la prière, demande pardon à Dieu. Ils sont chassés du Paradis, mais, promesse leur étant faite que le fils de Dieu sauvera le genre humain, ils se mettent en marche, réconforts, pour l'exil.

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    Ce vaste poème qui narre la tragédie fondamentale de l'humanité permet au poète d’exorciser son angoisse religieuse et d'exprimer ses idées religieuses, politiques et sociales. Mais Milton ne se contente pas de nous conter une fable universellement admise et d'exposer ses idées, il exige de nous un engagement, il stimule nos sens, ouvrant nos imaginations et provoquant nos réflexions. C'est l'implication de l'homme qu'il demande à travers son implication du poète, de citoyen.

    Ses écrits ne laissent pas insensible la France romantique : Chateaubriand le placera parmi ses partisans face à Voltaire et à l'esprit du XVIIIe siècle. Source d'inspiration, cette oeuvre a influencé de nombreux artistes, peintres, écrivains, poètes, en France comme sur les autres continents.

    Milton commença vraiment à écrire Le Paradis perdu à partir de 1658, en dictant ses vers à un copiste. La prouesse de ce travail réside dans le fait que l'auteur avait perdu la vue quelques années avant, l'obligeant à composer le poème "de tête". 

     

    Extrait 1

    Quoiqu'il puisse arriver, mon destin est le tien,
    Je veux avec toi périr ou être sauvé : 
    Si la mort t'attend, alors la mort est ma vie ; 
    Je sens tant en moi la nature qui nous unit,
    Je m'attache à moi-même en m'attachant à toi ; 
    Rien ne peut nous séparer ; nos êtres ne font qu'un ; 
    Ton corps est le mien et ta mort sera mienne.

     

    Extrait 2

    Ce ne sont pas les lieux, c'est le cœur qu'on habite,
    Qui fait di Ciel un Enfer, de l'Enfer un Ciel.
    Ici je puis régner en paix c'est assez ;
    Une couronne même en enfer me fait roi : 
    J'aime mieux régner en enfer que servir au ciel.  

     


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    Rien n'est plus comme avant : le monde tel qu'on le connait semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d'essence, les trains et le avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient? Nell et Eva 17 et 18 ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s'effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l'inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d'inépuisables richesses. 

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    C'est un roman très riche qui permet de se recentrer sur nos vraies valeurs. Quand on se retrouve aussi démuni et seul, on reprend les bases. Chaque être humain a en soi tout ce qu'il faut pour survivre, il doit juste savoir se tourner vers les bonnes choses, et savoir se faire confiance. Mais il doit aussi apprendre à vivre dans une société dénuée d'artifices.

    Un roman réaliste puisque l'auteur ne se permet pas d'édulcorer la situation et le récit ne tombe à aucun moment dans le pathos. Les deux jeunes filles se retrouvent livrées à elle-même sans mère, puis sans père.  

    Récit initiatique, post-apocalyptique ? Personnellement, on ressent Dans la forêt comme une fable écologique dont le message clair, puissant, universel mais aussi sensible et humain, suggère au lecteur une remise en question désormais urgente et vitale.

    Angoissant et poétique, divertissant et riche de questionnements, ce roman est une parfaite réussite !

     

     


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  • Dans les rues de Londres est apparue une créature étrange au fort pourvoir surnaturel, notamment hypnotique. Cet être résolument maléfique d’origine égyptienne semble bien décidé a tout mettre en œuvre pour nuire au renommé Paul Lessingham. Ce jeune politicien d’une petite quarantaine d’année est promis à un avenir des plus brillant. L’apparition de son mystérieux ennemi remet en cause ce bel avenir et ses projets de mariage avec la belle Marjorie Lindon. 

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    Roman paru en 1897, mais d'une modernité étonnante, il fait de Richard Marsh un authentique précurseur du thriller fantastique contemporain.    

    Construit en forme de roman policier avant l'heure, Le Scarabée invite le lecteur à rassembler un puzzle démentiel où s’affrontent malédiction d'un autre âge et rationalité moderne. Le roman rappelle aussi par certains aspects les œuvres d’Edgar Poe. C’est un livre plein d’atrocités, tant physiques que psychologiques, mais plus suggérées que décrites. Et c'est précisément cette ambiguïté donne toute sa force au roman. 

    Le Scarabée se divise en quatre parties, et à chaque partie le narrateur change. Le procédé n'était pas nouveau à l'époque, mais Richard Marsh le fait très intelligemment : les quatre récits successifs se complètent, s'enrichissent mutuellement, et les personnages du roman y gagnent en complexité. Il a aussi la bonne idée de faire que le narrateur de la quatrième et dernière partie soit un personnage nouveau, jusqu'alors totalement extérieur à l'action ; ce qui donne à son point de vue une distance bienvenue.  

    Richard Marsh est un auteur à (re)découvrir pour tout amateur de thriller fantastique. 


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  • Sentant sa fin proche, Louis, vieil avocat bordelais, adresse à sa femme une lettre. Dans un long retour en arrière, il évoque son enfance sans joie, sa jeunesse morne et fermée, puis sa rencontre avec Isa, sa future femme, et la terrible nuit qui, moins d'un an après leur mariage, allait creuser entre les deux êtres un abîme infranchissable : la nuit où Isa confia à son mari une passion déçue qu'elle avait eue peu de temps avant leur rencontre. 

    Dans un réquisitoire plein de rage et de haine, l'avocat dénonce les silences de sa femmes, son indifférence et l'amour exclusif qu'elle voue à ses enfants. Dans des phrases douloureuses, le vieil homme rappelle aussi ceux qu'il avait aimés et qui l'avaient quitté trop tôt : Marie, sa fille morte très jeune, Marinette, sa belle-sœur et Luc, son neveu, tué pendant la Grande Guerre.   

    Peu à peu, l'évocation du passé cède la place au récit de la lutte quotidienne que se livrent le vieillard et sa famille.

    Dévoré par l'avarice et le désir de vengeance, Louis entreprend de déshériter ses enfants - prédateurs impatients à l’affût de son dernier souffle - au profit d'un fils naturel inconnu qu'il retrouve à Paris.

    De retour chez lui, l'avocat apprend que sa femme est morte. A son grand étonnement, il en éprouve une peine profonde et sincère. Isa ne lira donc pas sa confession...

    Cet homme à la solitude extrême est un monstre à ses propres yeux, cet homme qui disait de son cœur qu'il était un "nœud de vipères" s'aperçoit alors que sa haine n'existe plus. Seuls demeurent en lui une paix et un espoir nouveaux. Au seuil de la mort, cet être des ténèbres qui, sa vie entière, s'était détourné de Dieu, est touché par la grâce divine. C'est par des mots d'amour et de pardon que Louis, éclairé par un rayon ultime et bienfaisant, achève sa confession. 

    Ce roman est un pur bijou et l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature du XXe siècle.  

     

     

     

     

     


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  • Au Congo, dan la capitale du Monomotapa, le roi Mangogul s'ennuie à mourir. Aussi décide-t-il,sur les conseils de sa charmante favorite Mirzoza, d'aller consulter le grand génie Cucufa ; celui-ci lui offre un anneau magique qui a le pouvoir stupéfiant de faire parler les "bijoux" des femmes sur leurs secrets cachés. Après avoir promis à la sultane de ne point tourner la bague vers elle, le souverain exerce à loisir son pouvoir sur diverses dame de la cour réputes vertueuses qui, par la voix de leur "bijou", révèlent leur immortalité... De quoi amuser le souverain et provoquer maints remous à la cour, où les dames cherchent désespérément à étouffer les aveux intempestifs et licencieux de leur "bijou". En même temps, une progression romanesque est ménagée : malgré sa promesse, Mangogul finira par exercer le pouvoir de l'anneau sur Mizorza...

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    On aura vite compris le double sens grivois de ces "bijoux". Dans ce cadre oriental, propice à l'imagination libertine, Diderot s'amuse à faire parler avec franchise l'intimité des femmes, qui révèlent ainsi leur être véritable, au-delà du masque social. Il s'agit donc essentiellement de dénoncer les mensonges du langage conventionnel. Dans cette perspective critique, Diderot profite également de l'éloignement exotique pour s'engager discrètement sur les questions politiques, métaphysiques, artistiques qui agitaient son époque.

    Diderot va même jusqu'à faire des allusions audacieuses et transparentes à des personnages vivants : Louis XV et Mme de Pompadour, Newton... Les Bijoux indiscrets sont donc plus qu'un roman grivois et plein de verve ; ils présentent le reflet d'une pensée critique : celle d'un Diderot encore jeune observant, souriant mais cynique, la société de on temps. C'est ce qui sans doute fait le succès de ce roman, qui circulait à l'époque sous le manteau, dans des éditions clandestines.      

    "Il se trouve qu'en dépit, ou à cause des facilités du genre, Les Bijoux indiscrets sont devenus entre les mains de Diderot un grand roman. Peut-être ne le savait-il pas. Et peut-être aussi faut-il faire un certain effort de transposition pour découvrir les véritables dimensions de l'ouvrage. Si l'on dépouille la fiction romanesque de ses oripeaux grivois et pseudo-exotiques, on arrive assez vite à une proportion essentielle ; c'est qu'il existe un langage de la nature qui ne se confond pas avec le langage de convention fixé par les règles de vie en société." (Jacques Chouillet)    

     

     


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