• Un compositeur s'accommode du néant de sa vie. Sa femme et sa maitresse sont sans envergure ou prétentieuses. Aussi pour tromper son ennui, accepte-t-il une mission délicate : retrouver en Amazonie certains instruments de musique. L'avion, l'autocar puis la pirogue les emmènent rapidement, lui et sa maitresse dans une cité primitive. Un prêtre, des chercheurs d'or et une Indienne des Andes les accompagnent, mais pour leur propres affaires. Petit à petit, le musicologue se dépouille de sa culture et retrouve les vraies valeurs humaines, c'est-à-dire la simplicité, l'union étroite du corps et l'esprit. 

    Malade, sa maitresse s'en retourne tandis qu'il s'établit définitivement avec l'indienne. Les semaines passent... Un jour, un avion repère le musicologue et atterrit. Comment résister ? Il retourne vers la "civilisation" pour divorcer et acheter quelques objets de première nécessité...

    Les thèmes usés sont les meilleurs. Simplement ici, les instruments de musique remplacent les habituelles pépites d'or. Mais la quête à travers une nature hostile t grandiose, les personnages de rencontre, tous haut en couleurs, l'Indienne, à la fois mystérieuse et sensuelle, la ville inconnue des cartographes, bref ces éléments se retrouvent d'un récit d'aventure à l'autre : ils ont fait leurs preuves ! Il y a d'ailleurs un aspect quasiment policier dans ce livre où le musicologue remplace le détective.

    Comme beaucoup d'écrivain de sa génération, Carpentier possède un style baroque et somptueux, qui convient bien à la description des Andes et de la forêt amazonienne. L'Amérique latine a mis du temps à se démarquer du modèle espagnol, car il n'était pas bon ton de décrire les Indiens. Avec Alejo Carpentier, c'est chose faite.     


    votre commentaire
  • "L'âne mort" relate les mésaventures d'un trio de quadragénaires, deux hommes et une femme, en cavale d'Alger vers les montagnes du Djurdjura après avoir causé "accidentellement" la mort de "Zembrek", l'âne favori d'un ex-commissaire de police.

    Recherchés par les forces de l'ordre, Lyes, Mounir et Tissam vont se réfugier chez Izouzen, un mystérieux érudit vivant à plus de 1 500 m l'altitude dans une pizzeria transformée en librairie et sujet à une étrange pulsion qui le conduit à l'assassinat de ses six épouses.  

    La lecture des premières lignes est surprenante. Mais la surprise laisse peu à peu place à l'intérêt. L'auteur nous embarque à bord du break bleu alourdi d'un âne mort, avec des personnages extravagants débiter des discours saugrenus, scientifique et philosophique qui les confrontera à eux-mêmes. 

    La mort de l'âne les mène, entre plaisanteries apparentes et désespoir intérieur, à spéculer : " un âne mort pèse-t-il plus lourd qu'un âne vivant ? " Au fil des pages, le roman analyse avec ironie douce-amère les impasse de la société algérienne avant la révolte du Hirak, en 2019. 

    Le roman de Chawki Amari lie en fils narratifs plusieurs niveaux de lectures. L'absurde et le burlesque d'abord, la vie algéroise ou chacun cherche à "faire de l'argent", quitte à le fabriquer en Chine et l'importer à un prix défiant toute concurrence. C'est le règne de la débrouille, des journées longues qui s'étalent sans point de départ ni point d'arrivée, morosité algérienne et pesanteur d'un pays arrêté et comme hors du monde.

    L'autre niveau de lecture est mythique car avec une référence à la fable d'Apulée, "L'Âne d'or". Ecrivain romano-berbère, Apulée a narré aussi les subtilités des métamorphoses, à l'exacte jonction du mythe et de la philosophie, du roman et la fable. Là aussi, la physique rejoint la métaphysique.  

    Extrait

    " L'univers pèse exactement 10 puissance 154 kilogrammes alors qu'il devrait en peser beaucoup plus. Incroyable. Quinze milliards d'années après le big bang et seulement 20 mille ans après l'âge de Glace, l'Homme est allé si loin, a pensé si fort et s'est élevé si haut que non seulement il a réussi à peser l'univers mais peut se permettre aujourd'hui de l'accuser de dissimuler une masse manquante, tel un ministre qui manipulerait avec légèreté budgets et caisses noires. "

     


    votre commentaire

  • votre commentaire
  • Migration vers mon nouveau site

    Merci à tous de m'avoir suivis sur ce site. 

    Un nouveau site est dorénavant à votre disposition. "L'Antre de la curiosité" dans lequel vous pourrez suivre toutes les publications de ce blog ainsi que les nouvelles à venir. Il vous suffira d'aller sur "Errance littéraire" pour les critiques de livres. D'autres surprises attendent les plus curieux d'entre-vous avec "Errance mystérieuse" pour ceux qui aiment le mystère et "Errance musicale" actuellement en préparation pour tout amateur de musique. Comme je suis curieux de tout, je vous livre également mes coups de coeur dans "Vagabondage". N'hésitez pas à vous y abonner et d'en parler autour de vous. Je vous y attend avec impatience. 


    votre commentaire
  •  

    De toutes les grandes figures de l'époque romaine, aucune n'était plus fascinante ou attrayante que Marcus Cicéron. Avocat et orateur brillant, esprit et philosophe réputé, il se lance à 27 ans dans le monde violent et perfide de la politique romaine. Cicéron était déterminé à atteindre l'impérium, le pouvoir suprême de l'Etat.  

    L'impérium est le pouvoir que l'on attribue à une personnalité pour diriger la cité, dans l'antiquité. Juste après le roi, l'empereur, dans la Rome antique, les consuls étaient dotés, dudit pouvoir. Ce livre nous raconte l'ascension de Marcus Cicéron vers l'impérium. 

    Une quête en trois étapes qui commence par l'arrivée d'un sicilien, Sthenius, un riche propriétaire dépossédé de ses biens par le gouverneur Gaius Verrès. La particularité de cette partie est la plaidoirie en appelant les témoins à la barre. L'histoire nous dit que c'est Cicéron le premier à l'avoir mis en place. 

    Il fait ensuite alliance avec Pompée afin de lui permettre d'avoir les pleins pouvoirs qui lui permettront de mener la guerre à l'Est de Rome. Pour y arriver, il va feindre de travailler avec les détracteurs de Pompée avant de les humilier devant le sénat.

    Cette histoire se termine par la dénonciation d'un complot contre la classe aristocratique de Rome. L'ascension de Cicéron au pouvoir suprême clôture ce livre d'une richesse indéniable.

    Cette ascension nous est contée par Tiron, son esclave. Homme accomplit, Tiron fut l'inventeur de la sténographie et l'auteur de nombreux livres, dont une biographie de Cicéron malheureusement perdue. Il aurait inventé un système
    de 1 100 signes dits "notes tironiennes" pour transcrire les discours de Cicéron.

    De retour d'un voyage à Athènes, Cicéron lui demande d'adapter les "notes grecques", une méthode d'écriture abrégée dont l'auteur, Xénophon, se serait servi pour transcrire les discours de Socrate. Tiron invente alors un système personnel qu'il utilise pour transcrire les discours et plaidoiries prononcé par Cicéron devant le sénat et les tribunaux romains.

    Tiron déclarera : "Cicéron était unique dans l'histoire de la république romaine en ce qu'il a poursuivit le pouvoir suprême sans ressources pour l'aider en dehors de son propre talent... Tout ce qu'il avait était sa voix, et par un simple effort de volonté, il en a fait la voix la plus célèbre du monde." 

    Richard Harris nous décrit une Rome extrêmement violente, où l'argent permet d'acheter les jurés lors des procès et des électeurs lors des scrutins.   

    Le pouvoir est au centre de ce livre. Un pouvoir fragile qui demande constamment que l'on soit sur ses gardes face aux appétits des généraux et aux alliances secrètes d'hommes avides de pouvoirs et de dominations. L'impérium convoité est un pouvoir de vie et de mort que donne l'élection à un poste de magistrat supérieur. 


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires