• Un célèbre bandit basque, Don José Navarro, qui attends en prison d'être exécuté, raconte à Mérimée son histoire. Alors qu'il était sous-officier à Séville, il tomba éperdument amoureux d'une jeune bohémienne, Carmen, qu'il relâcha après l'avoir arrêtée. Complètement ensorcelée par elle, il alla jusqu'à tuer un lieutenant dont il était jaloux. Il déserta alors, devint contrebandier, voleur et assassin, dans la bande de Carmen et de son mari Garcia. 

    Après avoir tué celui-ci, il épousa Carmen, qui ne tarda pas à s'ennuyer de lui et à s'éprendre d'un picador, Lucas. Don José eut alors un sursaut moral et décida de partir pour l'Amérique commencer une vie honnête ; il proposa à Carmen de le suivre. Celle-ci ne l'aimait plus et refusa fermement...

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    L'histoire est racontée par Don José sans émotion ni lyrisme. La pureté et la concision du style contrastent avec la violence des passions. La tension dramatique tient constamment le lecteur en haleine et donne au récit sa dimension tragique. Ainsi, emporté par le rythme du récit et ensorcelé lui-même par le personnage de Carmen, le lecteur éprouve à la fois une impression d’horreur et de vérité. 

    Au goût de l'exceptionnel, Mérimée joint le souci de l'information précise et du détail vrai. De la sorte, il donne à son récit un air d'authenticité et d’objectivité. 

    Carmen semble être un personnage créé pour le tourment de l'homme : sa beauté est si scandaleuse que les bigotes se signent sur son passage à la sortie de l'usine de tabac où elle travaille. Elle confond en elle les gestes de la vierge et de la prostituée, à la fois douce et cruelle, fidèle et débauchée ; elle se soumet à ses moindre caprice pour les abandonner aussitôt. Elle ne cherche qu'à accumuler les plaisirs et les folies en volant partout. Elle peut s'abandonner à l'amour avec une grande générosité pour ensuite faire tuer sans scrupule son amant. Don José est finalement le seul dont elle ne se débarrasse pas : elle semble avoir vu - par superstition - qu'au bout de leur amour il lui donnerait la mort, et elle l'y conduit avec une provocation et un entêtement farouche. 

     


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  • Petit traité de Sénèque à l'adresse de son beau-père Paulinius à qui il recommande de ne pas se laisser absorber par sa carrière politique. Le but est de montrer non pas que la vie est courte en soi, mais bien plutôt que les hommes perdent leur temps en futilités alors que l'acquisition de la sagesse réclame une longue patience. Ainsi passe-t-il en revue tous ces gens qui ne font qu'occuper un temps si précieux en vaines occupations : ceux qui s'adonnent uniquement au vin et à l'amour, les avares qui passent leur temps à accumuler une inutile fortune, ceux qui consacrent leurs journées à faire leur cour aux riches vieillards dans l'espoir d'être couchés sur leur testament, ceux qui s'embarrassent de charge politiques, comme Paulinius...

     

    Un texte de 2000 ans étonnamment moderne mais laissons la parole à Sénèque dans cet extrait :

    Extrait 1

    " Mortels vous vivez comme si vous deviez toujours vivre. Il ne vous souvient jamais de la fragilité de votre existence ; vous ne remarquez pas combien de temps a déjà passé ; et vous le perdez comme s'il coulait d'une source intarissable, tandis que ce jour, que vous donniez à un tiers ou à quelque affaire, est peut-être le dernier de vos jours. Vos craintes sont de mortels ; à vos désirs on vous dirait immortels.

    " La plupart des hommes disent : A cinquante ans, je vivrai dans la retraite; à soixante ans, je renoncerai aux emplois. Et qui vous a donné caution d'une vie plus longue ? Qui permettra que tout se passe comme vous l'arranger ? N'avez-vous pas honte de ne vous réserver que les reste de votre vie, et de destiner à la culture de votre esprit le seul temps qui n'est plus bon à rien ? N'est-il pas trop tard de commencer à vivre lorsqu'il faut sortir de la vie ? Quel fol oubli de notre condition mortelle, que de remettre à cinquante ou soixante ans les sages entreprises et de vouloir commencer la vie à une époque où peu de personnes peuvent parvenir ! "

    Extrait 2

    " Nous n'avons pas trop peu de temps, mais nous en perdons beaucoup. La vie est assez longue, elle suffirait, et au-delà, à l'accomplissement des plus grandes entreprises, si tous les moments en étaient bien employés. Mais quand elle s'est écoulée dans les plaisirs et l'indolence, sans que rien d'utile en ait marqué l'emploi, le dernier, l'inévitable moment vient enfin nous presser : et cette vie que nous n'avions pas vue marcher, nous sentons qu'elle est passée. " 

     


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  • La semaine sainte de l'an 1300, Dante a trente-cinq ans, "le milieu de la vie. Égaré, après la mort de Béatrice, dans une "sombre forêt", il obtient, par intercession de celle qu'il aime, la grâce de voyager dans l'au-delà, tel que pouvait l'imaginer un chrétien du Moyen-Âge.

    La Divine Comédie relate le voyage de Dante dans ke royaume des morts... Quel est le sort de l'âme une fois qu'elle a quitté le corps ? Celui que lui réserve la justice de Dieu. Pour se faire conduire là ou nul vivant ne peut aller, Dante s'est donné un guide : Virgile, le poète latin, qui quitte pour l'occasion la compagnie de tous les sages de l'Antiquité. Les deux hommes descendent un par un les cercles du gouffre de l'Enfer. Tempête, glace, feu, cruauté des démons, plus on s'enfonce das le péché, plus on s'approche de Lucifer, e plus on souffre. Il faut toute l'autorité de Virgile pour arracher Dante à la pitié qu'éveillent les tourments des damnés.

    Lorsque les voyageurs arrivent au Purgatoire, l'espoir renaît. La luxure, la colère, l'envie, la gourmandise ont conduit ici une humanité qui ne s'est pas endurcie dans ses fautes ; c'est le repentir qui met ici les pécheurs sur la voie du salut. 

    Tout en haut de la Montagne sainte, une dame vient à la rencontre de Dante, dans un apparat merveilleux. C'est Béatrice, dont l'amour a tiré Dante du péché et l'a sauvé de la perdition. Dans son sillage, Dante parcours l'ultime étape de son voyage sacré. De la lune à l'empyrée, en passant par les planètes et les étoiles, le Paradis est formés de six cieux correspondant chacun à un degré de félicité.

    Le bonheur des élus se mesure à l'intensité de la lumière, de la joie et de l'amour qui les font tournoyer dans un transport éternel. Justinien, Charlemagne, saint-Bernard... les plus grandes figures de la chrétienté sont là pour saluer en Dante un bienheureux en puissance. Au terme de cette procession céleste, Dante plonge les yeux dans la clarté divine. Le poète n'a plus de mots pour décrire l'extase qui l'a ravi. 

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    "La Divine Comédie est l'ouvre en soi la plus parfaite, l'épopée artistique la plus riche du Moyen-Âge" (Hegel)

    "La Divine Comédie se présente comme une poésie du langage, comme la gageure d'un poète qui tente de saisir l'univers entier par des mots. Il devient alors dans une existence multiple de roi de la création" (Mylène Bonan-Garrigues)

    "La matière du poème grandiose de Dante, c'est cas unique dans la littérature de tous les temps, l'univers saisi dans sa totalité, de l’infime à l’incommensurable, du naturel le plus commun, voire le plus trivial, au surnaturel le moins imaginable. Cette matière, en un mot, c'est le tout." (P. Renucci)

     

     

     

     

     


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  • Roland C. Wagner - H.P.L.

     

    H.P.L

     Que serait devenu H. P. Lovecraft s'il n'était pas décédé le 15 mars 1937 à l'age de 47 ans ? Et s'il avait vécu jusqu'à l'âge respectable de 101 ans ? Quel serait son futur ? Dans cette première nouvelle de ce petit livre, Roland C. Wagner nous éclaire sur ses rencontres avec Philip K. Dick, John W. Campell ou encore Robert Heinlein. Une petite biographie fictive et uchronique de 30 pages très érudite, précise, crédible et surtout passionnante du maître de l'horreur.

    Celui qui bave et qui glougloute

    Dans cette seconde nouvelle de 90 pages, pour fan de steampunk et de Lovecraft bien entendu, Roland C. Wagner nous emmène dans l'ouest américain. Les indiens ont reçus l'aide : d'étranges créatures venues d'ailleurs On y croise des personnages tels que Nat Pinkerton, Jesse James, le chasseur de prime Kid Carson, Calamity Jane, les Dalton, Buffalo Bill, etc. Un bel hommage totalement débridé de l’univers de Lovecraft avec le fameux ouvrage d'Abdul Alhazred : le necronomicon qui prend une place importante.  

    Extrait

    " Des créatures à quatre bras, originaires de la planète Mars, combattraient désormais aux côté des Indiens, à qui elles auraient fourni des fusils crachant de terrifiants "rayons de la mort" que l'on dirait tout droit sortis de l'imagination de M. Jules Verne !"

    Bref, un cocktail détonnant à découvrir 

     

     

     

     


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  • Dans une paisible banlieue normande qui n’a pas été bouleversée depuis le Débarquement de 44, l’installation d’une famille d’Américains est loin de passer inaperçue. Surtout lorsque le père, un soi-disant écrivain dénommé Frederick Blake, passe le plus clair de son temps enfermé avec sa machine à écrire tandis que sa femme Maggie, soucieuse de son intégration, dépense son énergie en des œuvres de charité locales. Avec leurs deux enfants, Belle et Warren, ils connaîtront une popularité croissante dans leur entourage pour qui le barbecue organisé par Maggie devient l’événement mondain de l’année. Mais depuis leur arrivée, d’étranges événements se produisent à Cholong-sur-Avre...

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    Il est très difficile de parler de ce livre sans spoiler un minimum. Nous faisons connaissance avec cette famille pas comme les autres, apparemment sans histoires. Les rapports de voisinages sont excellents. Mais la famille Blake n'est pas une famille ordinaire, elle cache un secret : le père, un ancien mafieux repentis vis grâce au programme américain de protection des témoins. Et cette vie n'est pas de tout repos car les mafieux américains sont toujours à sa recherche.  

    Cet ancien mafieux et père de famille sous le couvert d'un écrivain est irrésistible. Le reste de la famille est toute aussi extraordinaire et quelques peu inquiétante. L'humour est omniprésent. Oui, la mafia peut faire rire. Et de belle manière. Le mafieux qui sommeille en Blake a beaucoup de mal a disparaître. Le passé va resurgir lorsque la mafia retrouve sa trace...

    On ne peut que tomber sur le charme de la plume de Tonino Benacquista. Cette comédie policière au rythme effréné se lit d'une traite. Un livre délicieux qu'il faut lire dans les moments de blues, si vous aimez la comédie, les thrillers, l'action et surtout si vous aimez une bonne histoire originale et captivante. 

     

        


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