• Alfred de Musset - Les Caprice de Marianne

    L'action se situe à Naples au XVIe siècle. Marianne est la jeune femme du juge Claudio, beaucoup plus âgé qu'elle. Elle est aimé d'un gentilhomme sincère et timide, Coelio, qui lui écrit en vain. Honorant sa réputation de femme vertueuse, Marianne déchire en effet ses lettres. Le soupirant malheureux charge alors son ami Octave, qui est un cousin de Marianne, de s'introduire chez elle pour y plaider sa cause. 

    Mais Octave qui parle d'abord pour un autre, finit par parler pour lui-même et par aimer Marianne. Celle-ci fait la coquette : elle repousse Octave. Sur une réprimande de son mari jaloux, elle décide de prendre un amant et donne un rendez-vous à Octave. Mais ce dernier, fidèle à Coelio, envoie son ami à sa place. Entre-temps, Claudio a fait placer deux spadassins dans le jardin pour surprendre l'amant de sa femme. Avertie du projet de son époux, Marianne écrit à Octave, mais l'alerte arrive trop tard, Coelio se rend sous son balcon pour lui déclarer son amour. Marianne croit s'adresser à Octave et lui enjoint de fuir... 

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    Les Caprices de Marianne nous offre, dans un décor Shakespearien, le drame éternel du jeu de l'amour et de la mort, que peut résumer le chant premier de "Namouna" (un poème d'Alfred de Musset) : 

    " Une femme est comme votre ombre : courez après, elle vous fuit ; fuyez-là, elle court après vous. "

    Marianne est une femme prompte à vouloir celui qui ne se soucie pas d'elle. En face d'elle se dessine la figure de la mère de Coelio, personne tendre et vertueuse qui a aimé son mari sincèrement. La passion de Coelio, le scepticisme d'Octave et le caractère grotesque de Claudio confèrent à la pièce un charme complexe fait d'esprit et de poésie, de grâce et d'élégance, et situent cette oeuvre à la limite de la comédie et de la tragédie.

    Les Caprices de Marianne donne l'impression d'un talent en pleine maturité. Jamais peut-être le dramaturge n'a su allier autant de poésie et de lucidité, une si grande sensibilité et tant de désinvolture dans une pièce de théâtre que son côté tragique ne dénature pas. Ni comédie ni drame, elle est indéfinissable, mais c'est une oeuvre profonde. 

     

     

     

     


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  • Au cœur des ténèbres plonge le lecteur au centre d'une Afrique encore inexplorée, où la civilisation n'imprime une trace précaire et dérisoire que par la sauvagerie routinière de l'exploitation coloniale. Au terme de ce périple, il y a la rencontre du capitaine Marlow, qui commande un bateau destiné au commerce de l'ivoire, et de M. Kurtz, continent inconnu au coeur de l'Afrique inconnue, et qui au fond de lui-même, n'a découvert que l'horreur. M. Kurtz, arrivé jadis dans le pays de l'ivoire pour évangéliser les autochtones, devenu une sorte d'ange exterminateur et de prophète sanglant, instrument ambigu de sa propre barbarie..

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    Joseph Conrad relate avec une efficacité redoutable le périple de Marlow, marin anglais ayant voulu "tâter de l'aventure africaine".  

    Au cœur des ténèbres nous fait remonter sur un fleuve bordé de forêts menaçantes, tout autant qu'il conte le voyage d'un homme vers un espace où il n'existerait nulle trace humaine. Le prix de voyage vers l'origine est élevé : plus Marlow et son équipage s'enfoncent vers cette terre sauvage, plus la sauvagerie des hommes eux-mêmes se déchaîne, la nature reprenant ses droit et libérant les passions les plus profondément enterrées. 

    Rencontre avec le mal, rencontre avec un homme civilisé qui n'était pas préparé à la vie sauvage, primitive et fabuleuse de l'Afrique, Au cœur des ténèbres n'est pas une charge contre le colonialisme mais une réflexion sur le côté obscur de l'homme prêt à émerger à tout moment. 

    L'enfer colonial que découvre très rapidement Marlow dans une station coloniale au fil de son parcours le mènera jusqu'à Kurtz. Il constate la violence, la dureté, l'âpreté de la vie dans ces colonies africaines, notamment de par la farouche nature qui ne compte pas se laisser dompter par l'homme. 

    Conrad nous offre un voyage initiatique au fond des ténèbres qui sont au cœur de la grande forêt, et aussi dans le cœur des hommes. Peut être veut il nous dire aussi que la vérité que l'on cherche ne se trouve pas forcément, et que l'initiation est ailleurs ? 

     


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  • Pourquoi les grands détectives de la littérature classique n'ont-il pas de vie sexuelle ?

    Pour des raisons de censures ou de bienséance, on a jamais eu le moindre détails sur les goûts sexuels de Vidocq, Rouletabille, Miss Marple, Sherlock Holmes ou encore Hercule Poirot.

    Etienne Liebig répare cet oubli fondamental en nous proposant quelques saynètes mettant nos héros dans des positions sinon scabreuses, au moins particulièrement jouissives.  

    Ainsi Arsène Lupin doit démêler une affaire dans laquelle le ministre de l'intérieur est intimement partie prenante à son corps défendant. Ou plutôt sa femme victime d'un Arsène Lupin lubrique et farceur. Aussi, lorsqu'une nuit elle pense que son mari daigne enfin s'occuper de son foyer intime, elle est surprise quand son époux réfute lui avoir prodigué des hommages nocturnes. Hommage signé des initiale A. L. sur la partie intérieure de son arrière-plan. 

    Joseph Rouletabille, le fameux et jeune journaliste est convoqué ainsi que quelques confrères pour découvrir le résultat d’un meurtre en chambre close. Le parfum qui subsiste dans la pièce le ramène quelques années en arrière, lorsqu’il fut recueilli par les mères souffrantes de la charité bienheureuse, une fragrance qui lui rappelle le parfum de la Chatte en noir. 

    Sherlock Holmes est con-vié par une demoiselle Ambergotthy à enquêter sur la disparition de l’héritier des Lonsdalle qui devait devenir son mari. Le lecteur appréciera la faculté déployée par Holmes à démontrer que la jeune fille, si elle désire préserver sa virginité n’en jouit pas moins des bienfaits d’un trompettiste roux capable de se servir de son instrument anatomique sans déflorer la drôlesse. Envers et contre tous.

    Vidocq narre dans son langage argotique et fleuri les mésaventures funestes d’une jeune fille de la Haute qui aurait fauté par derrière, malgré les préceptes de la noblesse qui con-sidère que l’envers ne vaut pas l’endroit.  

    Juve, le policer, et Fandor, le journaliste, sont con-frontés au génie du mal, Fantômas qui ne manque pas de subterfuges et se montre toujours masqué, et couvert.

    Enfin pénétrons dans l’univers d’Agatha Christie en suivant les pérégrinations de ses deux héros récurrents, Hercule Poirot et Miss Marple. Nous vous laissons découvrir ces deux héros détectives sous un jour nouveau et inattendu...

    L'auteur a modestement essayé de pasticher au plus près des styles originaux les histoires de ces héros et héroïnes, qui ont tous fait l’objet, déjà, de nombreuses adaptations plus ou moins fidèles.

    Un bon moment en perspective avec ces héros détectives qui font désormais partie de notre imaginaire collectif. Un moment piquant eu jouissif.  

     


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  • Pourquoi le lotus symbolise-t-il la renaissance et le papyrus le monde disparus  Comment le Nil a-t-il façonné les mentalités ? Pour comprendre l'esprit de l'ancienne Egypte, étudions l'environnement de ce peuple si attentif à la nature et qui en tira un enseignement profond. A l'aide d'illustrations, un parcours passionnant au cœur du système de pensée des Égyptiens et de leurs nombreux mythes.

    Un essai de 180 page pour tout amoureux de l'Egypte ancienne et de ses traditions  

    Extrait

    Le lys et le papyrus réunis

    Le lys et le papyrus, une fois réunis, évoquent les deux parties constitutives de l'Egypte. Ils illustrent les deux pilliers fressés devant la chapelle de la Barque à Karnak.

    Les égyptiens eurent, très tôt dans leur histoire, l'idée de grouper les deux plantes attachée l'une et l'autre autour d'un signe hiéroglyphique représentant la trachée et les poumons, autrement dit le souffle, l'animation. Ce groupe s'appelait le Sema-Taoury, c'est-à-dire la "réunion des Deux Terres". C'était en quelque sorte une façon symbolique d'évoquer l'inondation annuelle recouvrant toutes les terres arables du pays. On en relève fréquemment l'image figurée sur les deux côtés des trônes royaux. Cette composition végétale décore aussi tout objet d'usage royal et accompagne le souverain dans l'autre monde. 

    Christiane Desroches Noblecourt, égyptologue et  professeur d'archéologie égyptienne, fut conservateur général honoraire du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre. Elle a écrit plus de 50 ouvrages consacrés à l'Egypte.   

     

      

     

     


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    Aaron a neuf ans lorsqu'il entre dans la clinique du docteur Julia Stein, une gérontologue de renom : il est atteint d'une maladie exceptionnelle, la progéria, vieillissement accéléré de l'organisme qui le condamne à une mort rapide.

    Révoltée et déterminée à guérir Aaron, Julia va tout essayer - du régime hypocalorique à la stimulation par des jeux vidéo, en passant par divers médicaments ou hormones -, toutes ces pauvres thérapeutique qu'elle sait inefficaces mais qu'elle n peut s'empêcher de tenter dans un espoir insensé. 

    Et le miracle survient. Aaron retrouve peu à peu ses forces puis une apparence juvénile... Pourquoi cette guérison inespérée ? De quelle nature est le nouvel Aaron ? Demeure-t-il toujours un véritable enfant ?

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    Théodore Roszak livre ici une intense réflexion sur le vieillissement et ses conséquences. À travers les yeux d’un petit garçon, il s’intéresse au temps qui passe, à la peur que la mort inspire, au déclin du corps et à ces diverses questions métaphysiques qui s’ensuivent sur la détérioration de l’esprit. 

    Cette réflexion sur le vieillissement et la longévité conduit donc l'auteur à s'interroger sur les mythes et sur les énigmes que ceux-ci continuent à nous poser. Cronos, Eros, Narcisse, ou Sémélé entrent dans la danse, entre autres références littéraires et artistiques, notamment pour poser la question de la place de l'amour et du sexe dans la condition humaine.   

    Ce qui commençait comme l'histoire bouleversante d'un petit garçon mourant bascule bientôt vers l'inattendue descente aux Enfers de Julia, avant de réserver bien d'autres surprises. De manière subtile, Theodore Roszak construit un récit imprévisible, déroutant et d'une grande richesse. Outre ceux déjà cités, de nombreux thèmes y sont abordés avec beaucoup de sensibilité. La pédophilie par exemple, dont on ne sait plus quoi penser lorsque l'enfant âgé d'une dizaine d'années possède un esprit qui paraît avoir vécu au-delà d'une vie humaine normale... La médecine, avec ses espoirs, ses désillusions, la souffrance du médecin face à son impuissance qui peut le conduire à outrepasser son rôle, l'importance du placebo et de « l'autorité », les charlatans charismatiques et les chercheurs pris entre leurs ambitions personnelles affirmées et les nécessités financières... Le pouvoir, celui des médecins bien sûr, celui des marchands d'illusions, celui de l'argent qui permet aux mégalomanes de se construire des villas insensées, véritablement « infernales » ...  

    Un roman de science-fiction, étrange, déroutant écrit par un homme de 75 ans. Que ceux qui n'apprécient pas la science-fiction se jettent dessus car il est pour eux aussi.  

     


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