• Denis Diderot - Les Bijoux indiscrets*

    Au Congo, dan la capitale du Monomotapa, le roi Mangogul s'ennuie à mourir. Aussi décide-t-il,sur les conseils de sa charmante favorite Mirzoza, d'aller consulter le grand génie Cucufa ; celui-ci lui offre un anneau magique qui a le pouvoir stupéfiant de faire parler les "bijoux" des femmes sur leurs secrets cachés. Après avoir promis à la sultane de ne point tourner la bague vers elle, le souverain exerce à loisir son pouvoir sur diverses dame de la cour réputes vertueuses qui, par la voix de leur "bijou", révèlent leur immortalité... De quoi amuser le souverain et provoquer maints remous à la cour, où les dames cherchent désespérément à étouffer les aveux intempestifs et licencieux de leur "bijou". En même temps, une progression romanesque est ménagée : malgré sa promesse, Mangogul finira par exercer le pouvoir de l'anneau sur Mizorza...

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    On aura vite compris le double sens grivois de ces "bijoux". Dans ce cadre oriental, propice à l'imagination libertine, Diderot s'amuse à faire parler avec franchise l'intimité des femmes, qui révèlent ainsi leur être véritable, au-delà du masque social. Il s'agit donc essentiellement de dénoncer les mensonges du langage conventionnel. Dans cette perspective critique, Diderot profite également de l'éloignement exotique pour s'engager discrètement sur les questions politiques, métaphysiques, artistiques qui agitaient son époque.

    Diderot va même jusqu'à faire des allusions audacieuses et transparentes à des personnages vivants : Louis XV et Mme de Pompadour, Newton... Les Bijoux indiscrets sont donc plus qu'un roman grivois et plein de verve ; ils présentent le reflet d'une pensée critique : celle d'un Diderot encore jeune observant, souriant mais cynique, la société de on temps. C'est ce qui sans doute fait le succès de ce roman, qui circulait à l'époque sous le manteau, dans des éditions clandestines.      

    "Il se trouve qu'en dépit, ou à cause des facilités du genre, Les Bijoux indiscrets sont devenus entre les mains de Diderot un grand roman. Peut-être ne le savait-il pas. Et peut-être aussi faut-il faire un certain effort de transposition pour découvrir les véritables dimensions de l'ouvrage. Si l'on dépouille la fiction romanesque de ses oripeaux grivois et pseudo-exotiques, on arrive assez vite à une proportion essentielle ; c'est qu'il existe un langage de la nature qui ne se confond pas avec le langage de convention fixé par les règles de vie en société." (Jacques Chouillet)    

     

     


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