• En pleine campagne, près de la petite ville d'Ystad, au sud de la Suède, un fermier découvre le corps sans vie de son voisin, atrocement massacré.

    La femme du malheureux ne vaut guère mieux : étranglée par u curieux noeud coulant, elle n'aura que le temps de murmurer "étrangers" avant de décéder à son tour à l'hôpital. Qui peut bien avoir commis pareille horreur et dans quel but ?

    Et pourquoi le ou les assassins ont-ils nourri la jument du vieux couple ?

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    Voici donc la première enquête du célèbre Kurt Wallander. Se démenant sans dormir dans la brume épaisse de la campagne suédoise, le commissaire perce avec une grande rationalité et froideur les histoires les plus alambiquées. On découvre un héros attachant, en proie à ses démons, qui lance magistralement une série policière transcendante.

     Mankell réussit haut la main ce défi de renouveler un genre qui a force d'être exploité laisse peu de place à la surprise et au suspense. L’enquête est menée comme il se doit, des hauts des bas, on court après un ou des tueur. Analyse des faits, réunion d'équipe... et son dénouement toujours dépassant les espérances du lecteur blasé par tant d’enquêtes bâclées.

    Comment ne pas apprécier le commissaire Kurt Wallender ? Comment ne pas trembler face à la rage meurtrière du tueur qui sévit dans cette région de la Suède ? Un polar où l'enquête est minutieuse, tout en détail et subtilité et au réalisme surprenant.

     


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  • En l'an 1377, les habitants d'un petit village albanais doivent, pour traverser le fleuve Ouyane, louer les services de la société Bacs et Radeaux qui détient le monopole du passage. Un jour, un épileptique en transe désigne un point de la rive. La population interprète aussitôt son message : il faut construire un pont à l'endroit indiqué. 

    Sous les ordres du seigneur, les bâtisseurs engagent un chantier d'une ampleur exceptionnelle. Mais à mesure que s'élève l'édifice, une rumeur néfaste s'empare du village. Le pont aus trois arches est maudit, il porte en lui le deuil. Pour se préserver des maléfices, une vieille croyance veut qu'on lui sacrifie un homme. Une nuit, Murrash Zenebishe sera mystérieusement emmuré. Pour les paysans superstitieux, la réalité rejoint la légende... Mais cet acte terrible ne serait-il pas simplement un règlement de comptes entre passeurs et constructeurs ? Le pont achevé, les malheurs prédits ne viendront pas du fleuve...

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    Au fil de son oeuvre, IsmaÏl Kadaré s'affirme comme le gardien de la tradition populaire balkanique, faite de mythes et de légendes. Le Pont aux trois arches reprend dans les grandes lignes la légende ancestrale de Rozafa - à savoir la destruction nocturne de ce qui a été édifié le jour et la conjuration du mal par un sacrifice humain. 

    C'est à une à une véritable enquête policière que se livre le narrateur, cherchant à démêler les fils tendus entre imaginaire et réalité. L'irrationnel est ici si profondément ancré dans le quotidien qu'il guide les actes de tous un village. La plume de Kadaré navigue elle-même entre ces deux pôles : si l'auteur ressuscite un fabuleux patrimoine de légendes, il trace aussi un tableau réaliste de l’Albanie médiévale. Avec ce roman, le poète fait oeuvre d'historien, dressant un état des lieux tr!s précis de la situation économique et politique de ce pays mal connu.   

    Pour qui l'a fréquentée quelques peu, l'Albanie apparait sans conteste comme une terre d'élection de la poésie, et en Ismaïl Kadaré, dont la mémoire résonne encore des chants et des récits légendaires qui ont bercé son enfance, elle a d'abord produit un poète.

    Le romancier, indissociable du poète, ne pouvait que retourner un jour à ces contes et légendes qui constituent l'une des pièces essentielles du patrimoine albanais.
    Laissons maintenant le lecteur à son admiration, face à ce pont aux trois arches fortement et impeccablement conçu qu'Ismaïl Kadaré a jeté entre la légende populaire et la littérature moderne. 

     


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  • Dans les bas-fonds de Paris, Rodolphe, grand-duc allemand déguisé en ouvrier, s'évertue à rétablir la justice pour racheter une faute de jeunesse. Il rencontre une jeune prostituée au cœur pur, Fleur-de-Marie. Après que la Goualeuse, surnommée ainsi pour ses talents de chanteuse, lui eut raconté son enfance malheureuse, il décide de la sauver. C'est alors que de nombreux personnages qui peuplent un Paris misérable vont faire rebondir les situations et entraîner les deux héros dans  des aventures périlleuses. Tantôt Fleur-de-Marie vivra heureuse et retirée à la campagne, tantôt elle retombera aux mains de ses persécuteurs, le couple cruel et grotesque que forment le Maître d'école et la Chouette. Mais des indices vont dévoiler la véritable identité de Fleur-de-Marie, qui n'est autre que la fille de Rodolphe...

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      Eugène Sue, dandy parisien veut plaider la cause des pauvres pour montrer que les coupables sont en fait des victimes. L'incroyable délire qui a accueilli Les Mystères de Paris prouve que les descriptions du Paris des truands, certes parfois pittoresques, n'ont pas été tellement en deçà de la réalité. Ainsi l'immense courrier qu'a reçu l'auteur trahit par ses témoignages la proximité entre réalité et fiction. 

    L'auteur façonne ses personnages en types et crée un univers cohérent, original et stylisé. L'histoire, simple dans son ensemble, mais compliquée, dans le détail, par de nombreux épisodes, comporte une foule de personnages colorés ; Le Chourineur, assassin repenti ; Ferraud, bourgeois avare ; Morel, ouvrier victime d'une société injuste ; Pipelet, concierge trop curieux. C'est une oeuvre à la fois conventionnelle par sa
    morale - la punition ou le rachat constituent les deux seules fins possibles - et à la fois très nouvelle par ses dénonciations sociales et l'usage de l'argot.

    C'est avec Les Mystères de Paris que le roman-feuilleton atteint son apogée : l'oeuvre remporte un succès inimaginable. L'enthousiasme pour Les Mystères gagne les classes cultivées et même la cour ! Par le biais d'un courrier très important, les lecteurs vont participer et presque collaborer à la création du roman : " De grâce, ne laissez pas posséder encore cette malheureuse enfant (Fleur-de-Marie) par ces misérables où votre roman sera immoral. " 

    Le roman influence aussi la réalité puisqu'un curé qui a fondé un orphelinat s'écrie : " Toute notre ville est sous le charme de votre style enchanteur. Cela détermine les habitants à se montrer plus généreux pour notre oeuvre. Honneur à vous monsieur ! "

    Pour qualifier ce succès, Théophile Gautier dit : " Les malades ont attendu pour mourir la fin des Mystères. " 

     


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