• Tarun J. Tejpal - La Vallée des masque

     

    Au cours d'une longue nuit où il attend ses assassins, d'anciens frères d'armes, un homme raconte son histoire et celle de son peuple, une communauté qui vit recluse dans une vallée inaccessibles, selon les préceptes d'un gourou légendaire : Aum, le pur des purs, le porteur de vérité... Là, dans un souci d'égalité absolue, les hommes non pas de nom mais un matricule, pas de visage mais un masque identique pour tous.
    Au fur et à mesure qu'il s'élève dans la hiérarchie, jusqu'à devenir un des chefs, le héros découvre les écueils de cette utopie, ses perversions, sa cruauté envers ceux qui dévient du droit chemin et les compromissions de ceux qui, au non de la pureté n'hésite pas à éliminer chaque grain de sable.

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    L'auteur nous fait réfléchir sur la condition humaine et sur la société, sur la recherche d'un système parfait, sur la manipulation et bien entendu sur les inévitables dérives que l'on peut constater sur les sectes comme dans les régimes totalitaire... et même dans ceux qui prétendent ne pas l'être...

    Les actes que le narrateur est amené de commettre, mais surtout la manière dont la morale en vigueur en lave la conscience, révulsent à maintes reprises. La manière dont les détenteurs du pouvoir imaginent imposer leur mode de vie au reste du monde nous rend mal à l'aise.

    Les Wafadar, auxquels il a lui-même appartenu, sont les tueurs sauvages de la secte Aum. Ils vident leurs victimes de leur sang à l'aide d'un siontch, objet qui peut provoquer une mort subite ou prolonger l'agonie de la victime aussi longtemps que désiré par le Wafadar selon les ordres reçus.

    Ce passage est particulièrement dur vu l'insensibilité et le manque d'état d'âme des tortionnaires. 

    Le style est très simple et la progression vers vers le sommet de la hiérarchie nous est conté comme une évidence. 

    La cruauté morale et physique impitoyable du récit souligne la cruauté de l’entreprise. Dans la vallée des masques, il n'y a pas de place pour les émotions comme l'amour, ou les plaisirs comme la musique.

     

    Tarun J. Tejpal - La Vallée des masque

     

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    Entre politique-fiction et fable philosophique ce roman est un livre coup de poing brillant, dérangeant, à l'imaginaire luxuriant à la dimension mythique.

    Ce livre est une révélation dont la lecture ne tarde pas à nous bouleverser. Un livre dont on en sort pas indemne. 

    Un roman d'une profondeur et d'une intelligence rare.

     

     


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  • Alain - Propos sur le bonheur

     

    Dans son enseignement et sa philosophie, Alain cherchait à entretenir un lien constant entre les idées et la réalité, entre la pensée et le concret. Ainsi les articles constituant les Propos ont souvent pour point de départ un fait divers ou un événement de la vie courante, dont l'auteur se sert pour exposer sa philosophie. A partir du costume, il parle de la coutume ; un chien qui baille au coin du feu le fait penser à la relation entre nos émotions et nos gestes ; le comportement des voyageurs dans un train le conduit à traiter de l’égoïsme, etc.

     

    Écrits au jour le jour, ces textes parlent donc d'expériences familières ; mais l'auteur y mêle habilement, et en évitant la terminologie philosophique rebutante, son expérience d'humaniste, ainsi que la pensée de ses maîtres, les seuls qu'ils reconnaissent : Platon, Aristote, Spinoza, Comte et Kant.

    Ces articles constituent aujourd'hui l'essentiel de l'oeuvre d'Alain. Il s'agit de textes qui n'ont pas de lien logique entre eux, mais dont il est possible de dégager, par petites touches, des constantes qui sont les idées maîtresses de la philosophie d'Alain : la défense de l'individu et de la liberté, le doute comme condition indispensable de la liberté intérieure, la résistance de la raison aux honneurs et aux autorités.

    Les Propos d'avant la Première Guerre mondiale étaient destinés à un public non spécialisé ; à partir de 1922, les sujets abordés et la façon de les traiter furent plus intellectuels. Les derniers textes écrits pendant la montée du fascisme et du nazisme en Europe furent nettement politique.

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    Alain - Propos sur le bonheur

    Il faudrait enseigner l'art d'être heureux, explique Alain. " Non pas l'art d'être heureux quand le malheur vous tombe sur la
    tête ; je laisse cela aux stoïciens ; mais l'art d'être heureux quand les circonstances sont passable et que toute l'amertume de la vie se réduit à de petit ennuis et à de petits malaises. " 

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    Qu'est-ce que le bonheur ?

    En quelques pensées simples, Alain nous amène à réfléchir sur des sujets philosophiques en illustrant par des exemples de la vie courante...

    Par fragments courts, ces pensées nous livrent comme autant de recettes sur les manières, le plus souvent simples, d'acquérir le bonheur, et de le conserver.

    Le bonheur n'est pas inné, mais il reste à portée de main. Si les désagréments sont quotidiens, une bonne part d'entre eux a une source physiologique ; prendre soin de soi permet d'évacuer toute une série de tracas. Par la suite, l'esprit est davantage disposé à traiter les problème avec sérénité.

    Cet ouvrage se doit d'être un livre de chevet ; la Bible du Bonheur.

    Alain - Propos sur le bonheur

     

    Extraits

     

    " En famille : Il y a deux espèces d'hommes, ceux qui s'habituent au bruit et ceux qui essaient de faire taire les autres. J'en ai connu beaucoup qui, lorsqu'ils travaillent ou lorsqu'ils attendent le sommeil, entrent en fureur pour une voix qui murmure ou pour une chaise un peu vivement remuée ; j'en ai connu d'autres qui s'interdisent absolument de régler les actions d'autrui ; ils aimeraient mieux perdre une précieuse idée ou deux heures de sommeil que d'arrêter les conversations, les rires et les chants du voisin. "

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    " Nous sommes empoisonnés de religion. Nous sommes habitués à voir des curés qui sont à guetter la faiblesse et la souffrance humaines, afin d'achever les mourants d'un coup de sermon qui fera réfléchir les autres. Je hais cette éloquence de croque-mort. Il faut prêcher sur la vie, non sur la mort ; répandre l'espoir, non la crainte ; et cultiver en commun la joie, vrai trésor humain. C'est le secret des grands sages, et ce sera la lumière de demain. "

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    "En réalité, les motifs qu'on a d'être heureux ou malheureux sont sans poids ; tout dépend de notre corps et de ses fonctions, et l'organisme le plus robuste passe chaque jour de la tension à la dépression, de la dépression à la tension, et bien des fois, selon les repas, les marches, les efforts d'attention, la lecture et le temps qu'il fait ; votre humeur monte et descend là-dessus, comme le bateau sur les vagues. Ce ne sont pour l'ordinaire que des nuances dans le gris ; tant que l'on est occupé, on n'y pense point ; mais dès qu'on a le temps d'y penser, et que l'on y pense avec application, les petites raisons viennent en foule, et vous croyez qu'elles sont causes alors qu'elles sont effets. Un esprit subtil trouve toujours assez de raisons d'être triste s'il est triste, assez de raisons d'être gai s'il est gai ; la même raison souvent sert à deux fins."

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    " Il est bien vrai que nous devons penser aux bonheur d'autrui ; mais on ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c'est encore d'être heureux "

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    " Il n'est pas difficile d'être malheureux ou mécontent ; il suffit de s’asseoir, comme fait un prince qui attend qu'on l'amuse. "

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    " L'homme content, s'il est seul, oublie bientôt qu'il est content, toute sa joie est bientôt endormie ; il en arrive à une espèce de stupidité et presque d'insensibilité. Le sentiment intérieur a besoin de mouvement extérieurs. "
     
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    " Le bonheur est une récompense qui vient à ceux qui ne l'on pas cherchée "
     
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    Plus l'existence est difficile, mieux on supporte les peines et mieux on jouit des plaisirs
     
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    " Quelle chose merveilleuse serait la société des hommes, si chacun mettait du bois au feu, au lieu de pleurnicher sur des cendres. "
     
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    Le bonheur de lire est tellement imprévisible qu'un lecteur exercé s'en étonne lui-même

     


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