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    Albert Londres - Chez les fous

    Albert Londres est un journaliste d'investigation qui n'hésite pas à payer de sa personne pour ses enquêtes de terrain.

     En 1925, il décide de partir en guerre contre le scandale des asiles psychiatriques en France. Devant la mauvaise volonté des autorités de Santé publique, le grand reporter tentera même, pour forcer les portes d'un hôpital psychiatrique, de se faire passer pour fou. Parvenant enfin à enquêter dans plusieurs établissements, il rapportera de nombreux témoignages de malades qui fourniront la matière de douze articles très polémiques. La rédaction du Petit Parisien hésitera d'ailleurs à publier cette enquête, qui paraîtra finalement en mai 1925. Devant l'indignation des psychiatres et des aliénistes, Albert Londres, dans le livre qui fera suite aux articles de presse, sera contraint d'adoucir certains passages et de maquiller quelques noms propres.

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    Albert Londres - Chez les fous

     Dans ce récit, le journaliste  fait une mise au point sur les pratiques psychiatriques au début du vingtième siècle. Si certains spécialistes tendent à humaniser et responsabiliser le patient, d'autres sont partisans des internements arbitraires pour une durée indéterminée. La fameuse loi de 1830. Albert Londres nous entraîne dans les asiles de années 20, avec une kyrielle de personnages tantôt comiques, émouvants, tragiques qui espèrent surtout qu'on les soigne.

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    Pour les professionnel de la santé qui travaillent avec ces personnes, ce témoignage est effrayant et improbable de nos jours. N'oublions pas que ces personnes étaient incarcéré avec les psychopathes de tout genre et avec d'autre personne tout a fait saine et emprisonnée abusivement par leur famille.  Albert Londres nous permet de voir le chemin parcouru pour aider ces personnes complètement désorientées. Il nous permet de nous rassurer quant aux enfermement arbitraire et totalement inutile de personnes saines d'esprit. Il nous rassure quand à l'évolution des traitements reçus en institutions par nos proches.

    Les progrès effectués sont considérables. Aujourd'hui, les malades vivent dans des conditions adaptées à leur pathologie.
    La personne atteinte de démence est mieux comprise et sa relation avec le soignant a beaucoup évoluée.

    Albert Londres, journaliste, avait mieux que quiconque compris le fossé qui séparait les malades des soignants de son époque.

     

    Albert Londres - Chez les fous

    Extrait et citations  :

    Ce matin-là, je louvoyais dans un quartier d'asile, en compagnie d'un interne.
    - Les fous, me disait-il, ne sont pas ce que l'on suppose. Le public les voit mal...Ce ne sont pas toujours des forces déchaînées. Tenez, regardez ceux-ci, réunis dans cette salle.
    Ils étaient une dizaine. Ils parlaient un peu haut, mais cela arrive aux personnages les plus sensés.

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    Le corps que nous leur voyons n'est qu'une doublure cachant une seconde personnalité invisible aux profanes que nous sommes, mais qui habite en eux. Quand le malade vous semble un être ordinaire, c'est que sa seconde personnalité est sortie faire un petit tour. Elle reviendra au logis. Ils attendent.

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    Si leur conversation paraît incohérente, ce n'est que pour nous ; eux se comprennent. La rapidité de leur pensée est telle qu'elle dépasse la capacités de traduction de la langue.

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  • Sheridan Le Fanu - Carmilla

    Dans un château de la lointaine Styrie, au début du XIXe siècle, vit une jeune fille solitaire et maladive. Lorsque surgit d’un attelage accidenté près du vieux pont gothique la silhouette ravissante de Carmilla, une vie nouvelle commence pour l’héroïne. Une étrange maladie se répand dans la région, tandis qu’une inquiétante torpeur s’empare de celle qui bientôt ne peut plus résister à la séduction de Carmilla… Un amour ineffable grandit entre les deux créatures, la prédatrice et sa proie, associées à tout jamais « par la plus bizarre maladie qui eût affligé un être humain ».

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    Sheridan Le Fanu - Carmilla

    Ecrite 26 ans avant le célébrissime Dracula de Bram Stoker, cette longue nouvelle compte parmi les textes fondateurs de la littérature vampirique.

    Le Fanu, est l'un des plus illustres représentants du roman fantastique irlandais du XIXe siècle. Ce récit est purement dans la tradition du roman gothique irlandais, avec son château médiéval perdu dans une contrée reculée et cette jeune héroïne qui relate dans son journal intime tous les événements étranges qui lui arrivent. Les puristes retrouveront les superstitions habituelles : caveaux, linceuls, pieux, et autres classiques.

    Une relation très intime est relatée dans l'Angleterre puritaine de l'époque victorienne, le roman ose suggérer l'existence d'une relation homosexuelle entre la brune et sulfureuse Carmilla et la blonde et prude Laura. Evidemment, rien n'est dévoilé, l'érotisme est sous-entendu avec poésie, retenue, élégance et sensualité. Carmilla est un vampire féminin au désir homosexuel.

    Sheridan Le Fanu - Carmilla

     Carmilla est considéré comme le premier roman moderne de vampire, du moins après celui de Polidori, médecin de Lord Byron, et celui de Hoffmann : La femme vampire. C'est aussi le premier ouvrage de fiction vampirique qui plante un décor et des personnages engagés dans l’actualité moderne.

    Carmilla est un vampire, ce n’est plus un secret pour personne.
    Pour le lecteur moderne, l’intérêt ne vient plus de la surprise, mais encore une fois du traitement de la figure vampirique.

    Ce roman qui pourtant ne dépasse pas les 120 pages est d’une richesse extraordinaire, et que l’auteur l’ait délibérément choisi ou non, ses interprétations sont très multiples, très variées.
    Et l'on comprendra aisément comment ce dernier a pu devenir un véritable  classique du genre, à ne pas rater.

    Sheridan Le Fanu - Carmilla

    Wilkie Collin écrira que Carmilla est " la plus impressionnante histoire de vampire qui ait été composée "

     

     


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  • William P. Blatty - L'Exorciste

    Pour Chris MacNeil et sa fille Reagan, une adolescente de quatorze ans, la vie s'écoule heureuse et aisée dans un quartier bourgeois de Washington.
    Et puis, un jour, des bruits étranges résonnent dans la calme demeure, des objets disparaissent, des meubles sont déplacés. Quant à Reagan, d'étranges métamorphoses la défigurent, des mots obscènes jaillissent de sa bouche.
    Tandis que peu à peu la personnalité de l'enfant se dédouble et se disloque, face aux médecins impuissants, des profanations souillent une église voisine, un crime mystérieux a lieu sous les fenêtres des MacNeil. La police trop perspicace est saisie d'horreur devant l'atroce vérité. Damien Karras , prêtre et psychiatre, sera-t-il le seul recours ?

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    L'exorciste est bel et bien, à l'origine, inspiré d'une histoire soi-disant vraie. Celle-ci remonte à l'année 1949 et concerne un adolescent de 13 ans, dont l'histoire a longtemps été connue sous un pseudonyme - Roland Doe selon la coupure de presse du Washington Post intitulée "Boy Reported Held in Devil's Grip" qui a relayé l'histoire à l'époque. Une identité a été révélée plus récemment : il s'agirait d'un certain Ronald Edwin Hunkeler.

    William P. Blatty - L'Exorciste

    A l'époque de la publication de l'article dans le Washington Post, William Peter Blatty a 21 ans. L'étudiant d'alors est intrigué par ce qu'il lit, et commence à creuser. Ce sera la base de son ouvrage, qu'il mettra tout de même plus de 20 ans à publier. L'exorciste sort dans les rayons en 1971.

    La rédaction de "The exorcist" débute en 1969. Blatty se retire du monde, investit une cabane au bord du lac Tahoe pour trouver la sérénité nécessaire à l'écriture de cet ouvrage qui lui trottait depuis bien longtemps dans la tête. Il y a dans cette rédaction une grand fidélité aux événements de 1949, à ceci près que le petit garçon devient Reagan, une petite fille, sous la plume de l'auteur. Ce choix, qui permet de protéger l'identité de l'enfant exorcisé

    Cette œuvre majeure de la littérature d'horreur a marqué les esprits, et ceci en partie grâce à son adaptation cinématographique.

    William P. Blatty - L'Exorciste

    L'Exorciste est beaucoup plus qu'une simple histoire de possession démoniaque. Il ouvre les portes à l'étude d'un démon bien réel si l'on s'en réfèrent aux récits historiques babyloniens, s'appuient sur des faits absolument authentiques et répertoriés tels que la glossolalie, la psychokinésie, les transes, séances de spiritisme, la force herculéenne ou supranormale, le rituel de l'exorcisme romain exacte...

    Car cette histoire est effrayante, principalement par son atmosphère oppressante et son ton à la fois clinique et malsain.
    Glaçant pour les lecteurs de l'époque et sans doute encore pour les lecteurs d'aujourd'hui.

    Une histoire et un livre dont on a du mal a s'en sortir indemne. La progression de l'histoire est lente, étape par étape. La possession et l'atmosphère du livre deviennent de plus en plus oppressantes. L'enquête du prêtre qui doute et qui ne néglige aucune piste nous tient en haleine.

    Et surtout n'oublions pas cet avertissement de l'auteur :

    " Il y a dans le monde entier des asiles d'aliénés rempli de gens qui ont voulu se mêler d'occultisme."

    William P. Blatty - L'Exorciste

    Une écriture et un style qui ont faits de ce livre un classique indémodable.  

     


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