• Ray Bradbury*

     

    Voici un des plus grand noms de la littérature d'anticipation. Un de ceux qui avec Asimov et Van Vogt, ont le plus profondément marqué ce qu'il est convenu d'appeler 
    " l'âge d'or de la science-fiction américaine "

    Ray Douglas Bradbury naît en août 1920, à Waukegan, dans l'Illinois. Enfant, il a peur de l'obscurité. Pour se rassurer, il dévore des contes de fées et des récits d'aventure qui, très vite, vont le pousser à s’intéresser à la S.-F.

    Non content de dévorer les magazines existants, il finit par en créer un, Imagination. A l'époque, il est étudiant. En 1938, ses études à peine terminées, il se lance dans l'écriture de récits fantastiques.

    Mais les magazines professionnels auxquels il propose ses manuscrits les refusent systématiquement. Son style n'est pas assez scientifique pour Astounding. Il est trop littéraire, voire poétique, pour d'autres. Les goûts du public penchent plutôt vers l'horreur et le fantastique.

    Ray Bradbury encaisse le coup avec philosophie et devient marchand de journaux. Il lui faudra attendre 1941 pour voir publier son premier texte, Pendulum, dans Super Science Stories. En vérité, c'est même un texte écrit en collaboration avec son ami Henry Hasse.

    Pendulum est l'histoire de John Layeville, l'inventeur d'une machine à remonter le temps, qui explose à sa première démonstration en tuant toutes les autorités scientifiques du pays. L'inventeur sera puni d'emprisonnement, pour l'éternité, dans un pendule de verre qui le préservera du vieillissement, et il verra ainsi l'extinction de la race humaine, l'arrivée des extra-terrestres et toutes sortes d'événements historiques incroyables...

    Par la suite, Ray Bradbury parviendra à publier régulièrement dans Weird Tales et dans Planet Stories. Il réussira même à franchir le ghetto des publications spécialisées dans la S.-F. et placera quelques textes dans des revues à grand tirage, aussi prestigieuses, que le New Yorker, Collier's, Esquire ou Mademoiselle. La performance était remarquable et sans précédent chez les auteurs de science-fiction.

    La vrai célébrité ne fondra sur Bradbury qu'à l'été 1946 quand il publiera "Le Pique-nique d'un million d'années" dans Planet Stories. Suivra toute une série de nouvelles, réunies en 1950 sous le titre de "Chroniques Martienne". 

    L'éditeur annonce la couleur : " Comment Mars fut colonisée, dépeuplée, comment elle fut abandonnée, comment elle devint un dernier refuge pour les nouveaux "Martiens"

    C'est un peu sec. En fait, dans ces Chroniques, "inépuisables provisions pour rêveurs éveillés", Bradbury nous livre les secrets de son âme, tout entière tournée vers la nostalgie du passé, une certaine méfiance pour la science et un humanisme pour Américain pieux. Dans une langue parfaitement classique, chaleureuse mais dépouillée, il nous raconte la conquête un peu banal de Mars par des Terriens qui n'y croient jamais vraiment et qui ne peuvent s'empêcher d'y détruire les derniers vestiges de la civilisation martienne. Ironie et sens de la chute sont toujours au rendez-vous de ces nouvelles, dont il se dégage constamment un parfum de poésie désenchantée.

    Curieusement, les Chroniques commencent en janvier 1999. C'est la date que Bradbury a choisi... pour mourir.

    Aujourd'hui, cette saga martienne vient se ranger, aux côtés de la série des Fondation d'Asimov ou du Monde des  de Van Vogt, parmi les grands cycles de la S.-F. mondiale.

    Les Chroniques consacrent Bradbury comme un des maître du genre. Les cinéastes ne s'y sont pas trompés en tentant - hélas - d'adapter sa conquête de Mars pour le grand écran...

    En février 1951, Ray Bradbury fait une entrée remarquée au sommaire de la revue Galaxy. Il publie The Fireman, une nouvelle qui constituera l'ossature de son fameux roman Fahrenheit 451, qui paraîtra en 1953 et qui sera porté à l'écran par François Truffaut.

      Il imagine un univers totalitaire où les livres sont interdits. Réfléchir est un crime. Un corps spécial de pompiers est chargé de mettre le feu à tous les imprimés (451°, sur l'échelle Fahrenheit, c'est la température à laquelle le papier prend 
    feu !)

    Montag, le héros de l'histoire, est un des pompier : il a le malheur de lire un livre et, depuis, il fait figure de rebelle.
    Ray Bradbury a voulu composer là une sorte de conte philosophique dans la tradition des "lumières" françaises et d'en faire une défense du livre sous toutes ses formes. On ne sait si la naïveté de son ton ajoute ou une nuit à la portée de la fable.

    Avec l'homme illustré, publié en 1953, Ray Bradbury cherche à sensibiliser le public au problème de la pollution. 
    Le "message" tend parfois à s’effacer derrière la beauté de chaque nouvelle de ce recueil, dont le lien est un "homme illustré" : chaque tatouage de la peau de cet homme est doué d'animation et représente une scène du futur, parfois très proche. L'homme tatoué raconte. Son interlocuteur s'enfui quand il se voit sur un tatouage, aux prises avec un "homme illustré"...

    Parmi les autres œuvres de Bradbury, il faut signaler Le Pays d'octobre (1955), Un remède à la mélancolie (1958), Les Machines à bonheurs (1964) et Je chante le corps électrique (1970). Il a également écrit et adapté de nombreuses pièces de théâtre.

    Bradbury restera dans l'histoire de la S.-F. comme le fondateur d'un certain mythe martien, très littéraire d'allure mais très profond par sa morale. Ses Martiens, supérieurs aux hommes jusqu'à en mourir de lassitude, ne sont-ils pas ces terriens modernes, qui ont un peu perd le goût du combat ?


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