• Philip K Dick - Le Maitre du Haut-Château*

     

    En 1947, les forces forces de l'Axe l'emportent face aux Alliés. L'ouest du monde appartient aux Japonais tandis que l'est est réservé aux Allemands. Ces derniers ne s'en contentent pas puisqu'ils envoient des vaisseaux sur Mars où les nouveaux arrivants se plaignent que les martiens ne possèdent pas de certificat permettant de prouver qu'ils appartiennent à la race aryenne, aux yeux des nazis l'existence juif apparaît alors comme un problème non résolu. Hitler s'est retiré depuis longtemps et son successeur Bormann meurt au cours du roman, plusieurs hommes sont en concurrence dont le Dr Goebbels et le général Heydrich.

    Du côté Japonais, la vie est plus stable et leurs ambitions moins grandes. L'intrigue se déroule sur la côte Pacifique des États-Unis. Une puissance qu'ils ont détruites en réduisant à néant l'intégralité de sa flotte lors de l'attaque Pearl Harbor. L'influence japonaise est palpable dans l'Amérique du nord post-seconde guerre mondiale. Certains hommes blancs vont jusqu'à pratiquer des UV pour foncer leur peau et les femmes blanches voient l'homme nippon comme le meilleur parti. Les japonais ont apportés avec eux le Yi-King, l'oracle, ancien livre chinois révélateur de conseil et de prophéties, et les populations blanches d'Amérique s'y rattachent également beaucoup.

    Julianna vit sur le côté des Etats-Unis non occupé par les Japonais en tant que professeur de judo. Suite à sa rencontre avec un homme du SS, ce dont elle ne doute pas, Julianna dévore un livre nommé "Le poids de la sauterelle", titre se référant à l'écclésiaste 12:7 de la bible interdite sur le territoire Japonais. Ce livre narre l'histoire comme le monde l'a connu : Avec la défaite de l'Allemagne. L'auteur qui n'est autre qu'Abendsen alias le Maître du Haut-Château - surnommé ainsi car la rumeur veut qu'il vive dans une véritable forteresse surélevé - insiste sur le rôle prépondérant de Franklin D. Roosevelt qui dans le roman a été assassiné en 1933, ce qui plonge les États-Unis dans une sévère crise économique.

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    Comme toujours, au cœur du livre, Dick ne cesse de manipuler les idées de vrai et de faux, son thème fétiche, au travers de diverses facettes de son intrigue. Comme des poupées russes imbriquées les unes dans les autres, ce monde (au-delà de l’uchronie) ne cesse de révéler des doubles tiroirs, des vérités qui ne sont qu’apparences : juif se faisant passer pour un nazi, nazi se faisant passer pour un rital, arnaqueur se faisant arnaquer, livre dans le livre, usage de pseudonymes, impostures et escroqueries en tout genre, objet historique faussement authentique jusqu’au « haut château » d’Abendsen qui s’avère une banale maison de banlieue…

    Dick, profondément ésotériste et croyant à l’existence d’un secret caché derrière le visible, multiplie les faux-semblants, à tel point que le lecteur peut s’y perdre, ne sachant plus démêler le vrai du faux.

    La vérité est peut-être ce qui est le plus difficile à atteindre mais aussi à accepter, nous dit Dick. C'est aussi le fondement d'une dictature : maintenir les populations dans un état de mensonge permanent alimenté par la propagande. Emmanuel Carrère le souligne dans sa bio romancée " Je suis vivant et vous êtes morts " : Dick qui avait étudié beaucoup de livre relatifs au nazisme dont le livre d'Hannah Arendt sur le procès d'Eichmann à Jérusalem, avait été notamment frappé par l'idée que " le but d'un Etat totalitaire est de couper les gens du réel, de les faire vivre dans un monde fictif. Les états totalitaires ont donné naissance à cette chimère qu'est la création d'un univers parallèle. "


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