• Molière - l'Avare*

    Harpagon, vieil avare tyrannique, a réduit de moitié son train de vie et continue, grâce à l'usure, à accroître sa fortune.Veuf, il vit avec sa fille Elise et son fils Cléante. Elise est amoureux de Valère, le fils d'un noble Napolitain exilé, cachant son identité sous un faux nom, mais elle n'ose lui promettre sa main sans l'accord de son père. Valère, pour vivre auprès d'elle, a donc imaginé de se faire engager comme majordome d'Harpagon, grâce à une entremetteuse dénommée Frosine, a, lui aussi, des vues sur la jeune fille. Tout bascule lorsque Cléante essaie de rassembler une grosse somme d'argent. L'usurier qu'on lui indique n'est autre que son père ! Harpagon, qui a une cassette pleine de dix mille écus ensevelie dans son jardin, devient alors complètement paranoïaque qui tourne au délire quand il apprend que son fils s'est éprit de Marianne et surtout quand, peu après, il découvre qu'on lui a dérobé sa chère cassette...

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    L'Avare est l'une des œuvres les plus jouées du théâtre français. Inspirée de " L'Aululaire " de Plaute, la pièce de Molière dépasse celle-ci par sa profondeur mais aussi par sa noirceur.
    L'amertume qui se dégage de l'analyse de Molière explique peut-être le peu de succès que la pièce connu au début. Harpagon est certes un bouffon grotesque dépositaire du comique, mais son vice a sur sa vie de ses enfants des conséquences on n peut plus négatives. De plus, l'intransigeance et l'intolérance du personnage, l'absence d'amour envers ses proches doublées d'actes tyranniques et intéressés contribuent à donner à cette comédie un accent dramatique. 

    Extrait : monologue d'Harpagon découvrant sa cassette vide

    HARPAGON :  (Il crie au voleur dès le jardin, et vient sans chapeau.) : Au voleur ! Au voleur ! A l’assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné, on m’a coupé la gorge, on m’a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? N’est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin… (il se prend lui-même le bras.) Ah ! C’est moi. Mon esprit est troublé, et j’ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! Mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! On m’a privé de toi ; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde : sans toi, il m’est impossible de vivre. C’en est fait, je n’en puis plus ; je me meurs, je suis mort, je suis enterré. N’y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant mon cher argent, ou en m’apprenant qui l’a pris? Euh ? Que dites-vous ? Ce n’est personne. Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu’avec beaucoup de soin on ait épié l’heure ; et l’on a choisi justement le temps que je parlois à mon traître de fils. Sortons. Je veux aller quérir la justice, et faire donner la question à toute la maison : à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi. Que de gens assemblés ! Je ne jette mes regards sur personne qui ne me donne des soupçons, et tout me semble mon voleur. Eh ! De quoi est-ce qu’on parle là ? De celui qui m’a dérobé ? Quel bruit fait-on là-haut ? Est-ce mon voleur qui y est? De grâce, si l’on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie que l’on m’en dise. N’est-il point caché là parmi vous ? Ils me regardent tous, et se mettent à rire. Vous verrez qu’ils ont part sans doute au vol que l’on m’a fait. Allons vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences et des bourreaux. Je veux faire pendre tout le monde ; et si je ne retrouve mon argent, je me pendrai moi-même après.  

      


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