• Albert Camus - La Peste*

    Dans les années quarante, à Oran, "ville ordinaire", insouciante et inconsciente du bonheur de vivre en paix, la tragédie s'installe sans bruit, matérialisée par les rats, porteurs de la peste, qui sortent de l'ombre et envahissent la ville. Désormais, la mort n'est plus anonyme ou privée, elle devient l'affaire de tous. 

    Face au fléau, il y a d'abord le docteur Rieux ; son seul souci est d'être efficace, de bien faire son métier, de mener la lutte en faisant le geste approprié au moment approprié. Réservé, il cache un secret : celui de la révolte face à la mort de ses semblables et à l'absurde d'un monde chaotique, sans règle ni ordonnateur, sans foi ni Dieu. A côté de lui, Tarrou refuse tout ce qui, de près ou de loin, apporte ou justifie la mort. 
    Joseph Grand lui, n'a qu'une seule passion : écrire, alors que Rambert est un jeune journaliste de passage à Oran. 

    Tous ces personnages sont autant de facette de l'auteur lui-même : l'homme d'action, l'homme révolté, l'artiste, le journaliste. En face d'eux, un collaborateur et un mystique représentent la résignation : Collard, un nihiliste, reprend goût à l'existence en voyant le malheur de ses concitoyens, tandis que le père Paneloux, un jésuite, estime que la peste est un châtiment.   

    La Peste est sans doute une allégorie de la résistance au nazisme, mais si les compagnons finissent par gagner , c'est pour livrer demain un nouveau combat. Face au mal, à la haine, au nihilisme, face au nazisme ou à l'absurde, l'homme ne dois pas être complice, mais lutter, être solidaire, secourir, ne pas se mettre à genoux. Tel est exactement le sujet de la Peste. 

    En somme, la Résistance réclamait une véritable oeuvre d'art. Prendre distance à l'égard des faits récents, les projeter dans une allégorie qui fut le contraire d'un mensonge puisqu'elle permettait d'éclairer l'Histoire, déplacer ces années dans le temps et dans l'espace, les rendre par cela reconnaissables à toutes les générations, voilà sans doute, ce que nous attendons d'un écrivain plus intuitif que les autre. Il fallait la chronique et la légende, le réel et le surréel ; il fallait le soleil et l'histoire. Notre attente ne fut pas déçue. En 1947 parut La Peste, fable historique et prophétique. 

     


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