• Zweig Stefan - Le joueur d'échec - Autriche*

     

    Zweig Stefan - Le joueur d'échec

    Qui est cet inconnu capable d’en remontrer au grand Czentovic, le champion mondial des échecs, véritable prodige aussi fruste qu’antipathique ? Peut-on croire, comme il l’affirme, qu’il n’a pas joué depuis plus de vingt ans ? Voilà un mystère que les passagers oisifs de ce paquebot de luxe aimeraient bien percer.
    Le narrateur y parviendra. Les circonstances dans lesquelles l’inconnu a acquis cette science sont terribles. Elles nous reportent aux expérimentations nazies sur les effets de l’isolement absolu, lorsque, aux frontières de la folie, entre deux interrogatoires, le cerveau humain parvient à déployer ses facultés les plus étranges.

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    Zweig Stefan - Le joueur d'échec - Autriche

     Pions noirs contre pions blancs, Czentovic contre M B., nazisme contre humanisme, voilà à quoi renvoie la partie d’échecs à laquelle assiste le lecteur.
    Le narrateur, dont on ne connaît pas l’identité et qui n’a au final que peu d’intérêt pour l’histo
    ire, raconte l’épisode qu’il vit sur ce paquebot : le grand champion du monde d’échecs Czentovic est sur place et accepte d’affronter n’importe quel joueur, moyennant une certaine somme d’argent. Plusieurs amateurs se regroupent donc pour affronter le maître au cours d’une partie. Mais M B. fait montre d’un talent bien supérieur parmi l’assemblée, talent qui poussent les autres joueurs à lui demander de joueur seul face à Czentovic. C’est le narrateur qui est chargé de présenter la requête. M B. lui racontera alors comment il en est arrivé à être aussi bon aux échecs, sans avoir touché un seul échiquier depuis 20 ans.

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    Malgré la petite taille de ce récit, Stefan Zweig a réussi magistralement à créer le suspense : qui est exactement ce M B. ? en enchâssant 2 récits dans celui du narrateur. Le premier récit est celui d’un ami, qui conte la découverte du génie de Czentovic. Le second est celui de M B. sur les raisons de ses capacités aux échecs. Petit à petit, l’angoisse monte : on sent M B. prit de frénésie, lui pourtant si calme et si posé, face à l’imperturbable champion, dont il est impossible de lire le moindre sentiment. La fin est attendue mais néanmoins efficace.
    Pour la petite histoire, n’oublions pas que ce roman de Stefan Zweig a été publié à titre posthume en 1943, après son suicide, désespéré par la montée du nazisme. Le joueur d’échecs fait clairement référence au nazisme, bien au-delà du simple récit des horreurs subies par M B., par l’opposition même des deux joueurs au personnalités distinctes, l’un étant la froideur et l’implacabilité du nazisme, l’autre l’envie de vivre et les valeurs culturelles de Zweig lui-même, poussé à l’abandon de la partie pour survivre, comme Zweig qui du fuir au Brésil.


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