• Victor Hugo - Les Travailleurs de la mer*

    Dans la petite société de Guernesey, Gilliatt a mauvaise réputation. Venu d'on ne sait où, né d'on ne sait qui, ce marin taciturne et solitaire est suspecté par tous d'être un sorcier. Peu soucieux des commérages, il apprécie sa solitude, jusqu'au jour où il se prend d'amour pour la jolie Déruchette, fille du célèbre Lethierry, personnalité la plus en vue de Guernesey. Ce vieux loup des mers a introduit dans cette île craintive et superstitieuse le bateau à vapeur. Son navire, la Durande, fait naufrage. Désespéré et ruiné, Lethierry promet la main de Déruchette à qui accomplira cet exploit extraordinaire : sauver la machine de la Durande, qui est restée intacte, arrimée à l'un des écueils les plus dangereux de la région.

    Gilliatt, sans hésité, relève le défi. S'engage alors un terrible combat entre ce Robinson guernesiais et tous les périls de l'Océan : tempêtes, marées, monstres marins, fatigue, faim et soif. Lorsque enfin il revient sur l'île, victorieux, c'est pour découvrir l'amour que Déruchette voue en secret à un autre, le bon pasteur Ebenezer. Pour comble de malheur, Enenezer est l'inconnu auquel Gilliatt, quelques mois auparavant, avait sauvé la vie...

    **********

    Dans les Travailleurs de la mer, Hugo exploite la vogue du roman maritime et régionaliste. Mais, il va bien plus loin : la lutte de Gilliatt contre l'Océan est une métaphore de l'affrontement de la nature par l'homme. L'exploit du héros est une nouvelle manifestation du génie humain, dont Hugo avait déjà donné une définition dans son William Shakespeare. Les Travailleurs de la mer sont aussi un hymne à la gloire de Guernesey. Hugo y vécu en effet ses années d'exil. Il dédie d'ailleurs son livre à cette île : "Je dédie ce livre au rocher d'hospitalité et de liberté, à ce coin de vieille terre normande où vit le noble petit peuple de la mer, à l'île de Guernesey, sévère et douce, mon asile actuel, mon tombeau probable."

     A la publication des Travailleurs de la mer, l'enthousiasme fut unanime : Emile Zola écrira :

    " L'histoire est simple et navrante - je viens de la lire d'une haleine ; il est minuit et je ne quitte mon livre que pour prendre la plume. Tout mon être est violemment secoué par la lecture de ces pages étranges et fortes ; j'entends mieux les sanglots et les rires de mon cœur dan le silence profond où je suis. "

    " Les travailleurs de la mer sont la lutte de l'homme contre les éléments, de même que les Misérables sont la lutte de l'homme contre les lois, de même que Notre-Dame de Paris est la lutte de l'homme contre un dogme. 

    Bernard Jouvin, pourtant peu suspect de bienveillance pour Victor Hugo, célèbre la réussite incontestable de ce roman : 

    " Ce livre étincelant de beautés, est remplit de défauts : qui ne les voit pas ? Ils crèvent les yeux ; il y en a de puérils comme la vanité du poète, il y en a de gigantesque comme son génie ; et il faut savoir faire grâce à l'une en faveur de l'autre ! Critiquer ce livre, je le pourrais, je le devrais peut-être ; mais si près de l'émotion qu'il m'a causé et qui dure encore, ce serait plus que de la cruauté, ce serait de l'ingratitude. " 

     

     


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