• Henri Pourrat - Bio*

    " Ambert ! Tout le monde descend ! " Combien d'entre nous ont encore en mémoire cette litanie d'un temps où les trains étaient à vapeur et où les chefs de gare arpentaient le quai en clamant bien haut le nom de la ville dont à leur manière, ils avaient la responsabilité ? Ambert, le nom sonne bien. Mais la ville existe-t-elle vraiment ? Peut-être vous êtes vous imaginé qu'elle est issue d'un quelconque livre ? Eh bien non ! Ambert existe bien, et on peut le prouver. D'une part, si vous êtes amateur de fromage, vous connaissez la fourne d'Ambert. D'autre part, ouvrez un grand dictionnaire et regardez à Pourrat.
    Vous lirez : " Ecrivain français natif d'Ambert " Et Ambert, c'est l'Auvergne. Et l'Auvergne est une terre mystérieuse, pleine de démons, de sorciers et de mages, d'animaux qui se transforment , si l'on en croit ce diable de conteur qu'est Henti Pourrat.

     Il y est né un 7 mai 1887. Il y fait ses humanités. Brillant élève, Henri Pourrat " monte " à Paris. Il a l'âme forestière et entreprend des étude d'agronomie. Quand la maladie, alors incurable, puisqu'il 'agit de la tuberculose, le frappe. Condamné par les médecins, il décide de lutter. Il rentre à Ambert, ville qui va lui fournir toute la substance de son oeuvre. Si l'agriculture perdait un brillant sujet, la littérature venait de gagner un grand écrivain et un merveilleux conteur. Ayant gagné son pari sur la maladie, il se marie. Le reste de sa vie se confaond avec son oeuvre. Henri Pourrat va demander à son Auvergne de lui livrer tous ses secrets. Ces secrets du "vieux vieux temps ".
    " Un vieux temps fumé comme un jambon, parfumé comme un chèvreton et vert comme le buis des rameaux. Plein de songe, comme le brouillard d'automne, la chopine, l'aube humide, la fumée des feux de fanes " dira Alexandre Vialette.

    Outre un oeuvre romanesque importante dont Gapard des montagnes est l'un des beau fleurons, Henri Pourrat s'est surtout attaché à récolter toute la mémoire vive de cette terre dans une série d'ouvrages (13) intitulée " Trésors des contes ", c'est en quelques sorte la mémoire secrète et intime d'un peuple, sa formation, ses devoirs, ses joies comme ses peines, mais aussi tout son merveilleux et son rapport au monde, où interfèrent, entre l'homme et les dieux séculaires, démons, mages, fées, sylphes, etc...

    Henri Pourrat le disait lui-même " Le contes ont appris aux humains le rituel des relations avec le peuple invisible, de ne pas jeter des pierres dans les eaux et de ne pas siffler dans le noir. " Nous voilà prévenus. Au cours de nombreux voyages, il questionne et écoute beaucoup ces vieilles dentellières et autres bergères. Et c'est ainsi qu'au fur et à mesure de ses investigations il rencontre, au détour d'un conte, un barbu, un bossu, un roi, le diable en personne, l'Eden, des laboureurs, des rémouleurs, des porteballes. Voici revenu le temps des
    " il était une fois ". Car ici, dans ce monde de l'imaginaire paysan, tout est féerie, les grenouilles se font princesses, les princesses épousent des manants au cœur généreux et pur.

    Mais il est surtout un aspect méconnu, c'est la modification des contes de Perrault. Ainsi le petit chaperon rouge, digéré comme nous le savons tous par un fort méchant loup, connait en Auvergne un destin différent. Certes le petit chaperon rouge et mère-grand sont-elles mangées par le loup ; mais ce dernier, dans sa grande fringale, les a avalées entières et vivantes. Que croyez-vous qu'il arriva ? Un bûcheron, d'un coup de hacje les délivra.

    D'autres contes font apparaître le Malin, qui signe des pactes avec de pauvre gens, assez rusés cependant pour les rompre au dernier moment. Quant aux fées, aussi nombreuses que les princesses, elles interviennent pour prouver que l'amour véritable est plus fort que les conventions sociales et sait unir les fils de rois aux belles et sages demoiselles. Inlassablement, Henri Pourrat nous dévoile la respiration secrète de cette Auvergne intemporelle. Pour cette raison, peut-être, on a cru que Pourrat était un écrivain régional. Il est beaucoup plus que cela.

    Héritier authentique de Charles Perrault, Henri Pourrat s'est éteint en 1959 à l'âge de 72 ans, la plume à la main, laissant une œuvre immense et de nombreux inédits.   


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