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    Iégorouchka, un enfant d'une dizaine d'année, est arraché à sa mère. Pour sa scolarité, il doit aller habiter de l'autre côté de la steppe. Encore faut-il traverser celle-ci, interminable, sauvage et écrasée de chaleur.
    Iégorouchka est confié à une convoi. Le chariot, peuplé de personnages hétéroclites - un prêtre, un vieillard, un vendeur de laine, un jeune cocher enthousiaste, etc, - parcourt cette plaine infinie.
    Difficile de savoir combien de jour dure ce voyage que l'on voit avec les yeux de l'enfant : tout est magique, les oiseaux, les sauterelles, le bruit du vent, et tout fait peur. Les moissonneurs semblent des géants menaçants. On croise la tombe
    fruste de voyageurs assassinés par des bandits de grand chemin.

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    "Que serait cette nouvelle vie qui commençait pour Iégorouchka ?" nous demande le narrateur au terme de sa relation d'un voyage de quatre jours dans la steppe. La magie s’évanouira-t-elle au contact de la vie rigoureuse du lycée ?

    A un ordre naturel quasi liturgique du temps, pour celui qui se rappelle l'aventure inoubliable de cette traversée, va succéder l'ordre tristement régulier de l'étude. Il ne s'agit pas en effet d'une véritable histoire avec début et fin mais d'un simple récit de voyage.

    Pour dire ce bonheur du souvenir, Tchekhov use d'une écriture sobrement impressionniste : une sensation que suit sa cause naturelle. Son réalisme symbolique le sert pour animer l'inanimé. 

    Tchekhov se souvient des voyages qui duraient plusieurs jours pour arriver chez son grand-père, régisseur de la comtesse Platov, voyages ponctués de "feux allumés le soir, de jeux, de chants et de visages entrevus". Aussi bien, Iégôrouchka-Anto ne peut que s'étonner face au spectacle du pays fantastique. 

    Dans ce poème à la gloire de la steppe, Tchekhov, qui disait ne pas aimer la poésie, se révèle pour la première fois comme un grand lyrique qui célèbre la joie de vivre et la joie d'être jeune. 

    Tchekhov excelle à nous faire éprouver ces émotions simples et tragiques de l'enfance. On aurait voulu, comme le petit garçon, que la traversée de la steppe ne s’arrête jamais.      

     

     

     

     


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  • Il ne fait pas bon s'appeler Smith à Londres en ce moment! Car ce patronyme est celui du tueur qui profite du brouillard et de la nuit pour tuer impunément. Avec pas moins de sept victimes en seulement deux mois, Mr Smith met Scotland Yard sur les dents et terrorise les braves londoniens. L'enquête piétine quand soudain apparaît une lueur d'espoir : grâce à un informateur, on connait l'adresse du tueur! D'abord fortement réjoui, l'inspecteur-chef Strickland déchante quand il se rend compte que l'adresse indiquée, le 21 Russel Square, est celle de la pension de famille Victoria, fermement tenue par Mrs Hosson. L'assassin est forcément l'un des pensionnaires. Oui, mais lequel? le Major Farchild, l'ancien officier des Indes? Mr Andreyew, le russe énigmatique? Mr Collins, le représentant bègue et timoré? Miss Holland l'auteure de contes pour enfants? Un autre?

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    Dans ce roman policier, le lecteur mène l'enquête, il cherche les indices parsemés ici et là par Stanislas André Steeman qui nous interpelle par deux fois, nous lecteur attentif à chaque mot afin de dénicher l'indice qui nous fera découvrir l'assassin. Il nous nargue et n'hésite pas à nous poser la question tant attendue et rarement posée par un auteur de polar : " Avez-vous résolu l'intrigue ? ", et nous revoilà revenu une fois de pus en arrière pour cherche ce fameux indice qui nous aurait échappé.

    Oui, une enquête passionnante avec des pistes qui se multiplient et qui ne cesse de nous tromper. Des indices livrés au compte goutte qui maintiennent habilement le suspens et qui nous font soupçonner un personnage en particulier. Nous pensons avoir trouver la solution, découvert le coupable, nos doutes semblent se confirmer jusqu'au prochain suspect tout aussi évident et louche que le précédent.

    Vous l'aurez deviné ; ce livre est un chef-d'oeuvre en matière d'intrigue. Stanislas maîtrise le ménage en bateau avec beaucoup d'aisance et nous laisse tourner en rond du début à la fin. Une enquête du commissaire Wens que nous n'oublierons pas de sitôt.  

    Le film de Henri-Georges Clouzot sorti en 1942 avec le grand Pierre Fresnay est de toute beauté    

     

     


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  • Harpagon, vieil avare tyrannique, a réduit de moitié son train de vie et continue, grâce à l'usure, à accroître sa fortune.Veuf, il vit avec sa fille Elise et son fils Cléante. Elise est amoureux de Valère, le fils d'un noble Napolitain exilé, cachant son identité sous un faux nom, mais elle n'ose lui promettre sa main sans l'accord de son père. Valère, pour vivre auprès d'elle, a donc imaginé de se faire engager comme majordome d'Harpagon, grâce à une entremetteuse dénommée Frosine, a, lui aussi, des vues sur la jeune fille. Tout bascule lorsque Cléante essaie de rassembler une grosse somme d'argent. L'usurier qu'on lui indique n'est autre que son père ! Harpagon, qui a une cassette pleine de dix mille écus ensevelie dans son jardin, devient alors complètement paranoïaque qui tourne au délire quand il apprend que son fils s'est éprit de Marianne et surtout quand, peu après, il découvre qu'on lui a dérobé sa chère cassette...

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    L'Avare est l'une des œuvres les plus jouées du théâtre français. Inspirée de " L'Aululaire " de Plaute, la pièce de Molière dépasse celle-ci par sa profondeur mais aussi par sa noirceur.
    L'amertume qui se dégage de l'analyse de Molière explique peut-être le peu de succès que la pièce connu au début. Harpagon est certes un bouffon grotesque dépositaire du comique, mais son vice a sur sa vie de ses enfants des conséquences on n peut plus négatives. De plus, l'intransigeance et l'intolérance du personnage, l'absence d'amour envers ses proches doublées d'actes tyranniques et intéressés contribuent à donner à cette comédie un accent dramatique. 

    Extrait : monologue d'Harpagon découvrant sa cassette vide

    HARPAGON :  (Il crie au voleur dès le jardin, et vient sans chapeau.) : Au voleur ! Au voleur ! A l’assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné, on m’a coupé la gorge, on m’a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? N’est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin… (il se prend lui-même le bras.) Ah ! C’est moi. Mon esprit est troublé, et j’ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! Mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! On m’a privé de toi ; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde : sans toi, il m’est impossible de vivre. C’en est fait, je n’en puis plus ; je me meurs, je suis mort, je suis enterré. N’y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant mon cher argent, ou en m’apprenant qui l’a pris? Euh ? Que dites-vous ? Ce n’est personne. Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu’avec beaucoup de soin on ait épié l’heure ; et l’on a choisi justement le temps que je parlois à mon traître de fils. Sortons. Je veux aller quérir la justice, et faire donner la question à toute la maison : à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi. Que de gens assemblés ! Je ne jette mes regards sur personne qui ne me donne des soupçons, et tout me semble mon voleur. Eh ! De quoi est-ce qu’on parle là ? De celui qui m’a dérobé ? Quel bruit fait-on là-haut ? Est-ce mon voleur qui y est? De grâce, si l’on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie que l’on m’en dise. N’est-il point caché là parmi vous ? Ils me regardent tous, et se mettent à rire. Vous verrez qu’ils ont part sans doute au vol que l’on m’a fait. Allons vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences et des bourreaux. Je veux faire pendre tout le monde ; et si je ne retrouve mon argent, je me pendrai moi-même après.  

      


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  • Michaël, un terrier irlandais, a été élevé dans les îles Salomon. Il travaille à présent comme chasseur d'esclaves à bord d'une goélette qui a pour mission de recruter de la main d'oeuvre indigène. Le capitaine l'oublie accidentellement sur une plage et lève l'ancre sans lui. Michaël rencontre alors Dag Daughtry, steward sur un autre bateau. Ils sympathisent et, ensemble, commencent un voyage autour du monde. Mais des drames pointent à l'horizon...

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    Pour son dernier roman, Jack London nous offre un chef-d'oeuvre. Après avoir lu ce livre, vous ne verrez plus jamais les attractions animalière de cirque de la même façon. Jack London est un immense conteur et une fois de plus, il nous emmène dans une aventure dont on ne ressortira pas indemne.

    Mais laissons la parole à Jack London dans son avant propos :

    " De bonne heure dans ma vie, sans doute à cause de la curiosité innée qui est en moi de connaitre les dessous des choses, j'ai pris en grippe les exhibitions d'animaux savants. Cette curiosité m'a tout de suite gâché le plaisir que j'aurais pu prendre aux spectacles de ce genre.

    Car j'ai voulu savoir comment s'accomplissait ce grand oeuvre. Or le revers était beaucoup moins beau que la façade. Il n'y avait, à la base de ce brillant divertissement, qu'un ensemble de cruautés et de tortures telles qu'après les avoir connues aucun homme digne de ce nom ne saurait plus regarder avec calme une bête savante.

    Permettez moi de vous dire que je suis quelqu'un qui a vraiment vécu la vie, et à une rude école, et que partout j'ai pu constater que l'homme dépassait la mesure raisonnable en méchanceté et en barbarie. "

    On raconte que l'Amérique en fut tellement secouée qu'en moins de dix ans la vie des animaux de cirque en fut changée tout au tout... ce qui n'empêcha surement pas l'âme humaine de se défouler par d'autres moyens.

     


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