• Alain Bosquet (1919 - 1998)

    Je crie pour les enfants perdus.
    J’écris.
    Je crie pour la femme éventrée.
    J’écris.
    Je crie pour le soleil qu’on souille.
    J’écris....
    Je crie pour la ville qu’on brûle.
    J’écris.
    Je crie pour l’arbre assassiné.
    J’écris.
    Je crie pour le rêve sans fond.
    J’écris.
    Je crie pour la planète folle.
    J’écris
    de ne pouvoir crier.

     


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  • Felix Arvers (1806 - 1850)

    Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
    Un amour éternel en un moment conçu :
    Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire,
    Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su.

    Hélas ! j’aurai passé près d’elle inaperçu,...
    Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.
    Et j’aurai jusqu’au bout fait mon temps sur la terre,
    N’osant rien demander et n’ayant rien reçu.

    Pour elle, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre,
    Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
    Ce murmure d’amour élevé sur ses pas.

    À l’austère devoir, pieusement fidèle,
    Elle dira, lisant ces vers tout remplis d’elle
    "Quelle est donc cette femme ?" et ne comprendra pas.

     


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  • René Depestre (1926 -

    Une définition de la poésie

    La poésie, c'est notre père qui arrive un soir sous une pluie torrentielle, et qui nous chante une complainte qu'il a composée pour une petite cuillère en argent.
    Notre père voulait arrêter la pluie de septembre avec une petite cuillère, et la pluie a retourné son esprit comme un vieux pantalon.

    La poésie, c'est :
    un père haïtien qui perd la raison pour une petite cuillère mise en chanson sous une pluie qui pousse avec rage tout près de notre enfance !

     


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  • Boris Vian

    La vie, c'est comme une dent
    D'abord on n'y a pas pensé
    On s'est contenté de mâcher
    Et puis ça se gâte soudain

    Ça vous fait mal et on y tient...
    Et on la soigne et les soucis

    Et pour qu'on soit vraiment guéri
    Il faut vous l'arracher...
    La vie

     


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  • Eugène Guillevic (1907 - 1997)

    Si je fais couler du sable
    De ma main gauche à ma paume droite,

    C'est bien sûr pour le plaisir
    De toucher la pierre devenue poudre,
    ...
    Mais c'est aussi et davantage
    Pour donner du corps au temps,

    Pour ainsi sentir le temps
    Couler, s'écouler

    Et aussi le faire
    Revenir en arrière, se renier.

    En faisant glisser du sable,
    J'écris un poème contre le temps".

     


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