• Jean De La Fontaine - Fables

     

      LE MEUNIER, SON FILS ET L'ÂNE

     

    J'ai lu dans quelque endroit qu'un Meunier et son Fils
    L'un vieillard, l'autre enfant, non pas des plus petits,
    Mais garçon de quinze ans, si j'ai bonne mémoire,
    Allaient vendre leur Âne un certain jour de foire.
    Afin qu'il fût plus frais et de meilleur débit,
    On lui lia les pieds, on vous le suspendit ;
    Puis cet Homme et son Fils le portent comme un lustre ;
    Pauvres gens, idiots, couple ignorant et rustre.
    Le premier qui les vit de rire s'éclata.
    Quelle farce, dit-il, vont jouer ces gens-là ?
    Le plus Âne des trois n'est pas celui qu'on pense.

    Lafontaine - Fable


    Le Meunier, à ces mots, connaît son ignorance.
    Il met sur pied sa Bête, et la fait détaler.
    L'Âne, qui goûtait fort l'autre façon d'aller,
    Se plaint en son patois. Le Meunier n'en a cure;
    Il fait monter son Fils, il suit : et, d'aventure
    Passent trois bons Marchands. Cet objet leur déplut.
    Le plus vieux au Garçon s'écria tant qu'il put :
    Oh là oh, descendez, que l'on ne vous le dise,
    Jeune homme qui menez Laquais à barbe grise ;
    C'était à vous de suivre, au Vieillard de monter.
    Messieurs, dit le Meunier, il vous faut contenter.

    Lafontaine - Fable


    L'enfant met pied à terre, et puis le Vieillard monte,
    Quand, trois filles passant, l'une dit : C'est grand honte
    Qu'il faille voir ainsi clocher ce jeune fils,
    Tandis que ce nigaud, comme un évêque assis,
    Fait le veau sur son Âne et pense être bien sage.
    Il n'est, dit le Meunier, plus de veaux à mon âge.

    Lafontaine - Fable


    Passez votre chemin, la Fille, et m'en croyez.
    Après maints quolibets coup sur coup renvoyés,
    L'Homme crut avoir tort et mit son Fils en croupe.
    Au bout de trente pas, une troisième troupe
    Trouve encore à gloser. L'un dit : Ces gens sont fous!
    Le Baudet n'en peut plus, il mourra sous leurs coups.
    Hé quoi, charger ainsi cette pauvre Bourrique !
    N'ont-ils point de pitié de leur vieux domestique ?
    Sans doute qu'à la foire ils vont vendre sa peau.
    Parbieu, dit le Meunier, est bien fou du cerveau
    Qui prétend contenter tout le monde et son père.

    Lafontaine - Fable


    Essayons toutefois, si par quelque manière
    Nous en viendrons à bout. Ils descendent tous deux.
    L'Âne, se prélassant, marche seul devant eux.
    Un Quidam les rencontre, et dit : Est-ce la mode
    Que Baudet aille à l'aise et Meunier s'incommode ?
    Qui de l'Âne ou du Maître est fait pour se lasser ?
    Je conseille à ces Gens de le faire enchâsser.
    Ils usent leurs souliers et conservent leur Âne :

      

    Lafontaine - Fable


    Nicolas au rebours ; car quand il va voir Jeanne,
    Il monte sur sa bête ; et la chanson le dit.
    Beau trio de Baudets! Le Meunier repartit :
    Je suis Âne, il est vrai, j'en conviens, je l'avoue ;
    Mais que dorénavant on me blâme, on me loue ;
    Qu'on dise quelque chose ou qu'on ne dise rien,
    J'en veux faire à ma tête. Il le fit, et fit bien.

    Lafontaine - Fable

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    Gogol - Taras Boulba - Russie

    Taras Boulba, cosaque des temps héroïques, fête l’arrivée de ses deux jeunes fils, Andreï et Ostap, de retour de l’académie de Kiev. Leurs études désormais achevées, il faut penser à leur initiation guerrière. Taras Boulba s’empresse de les conduire à la Setch, un vaste campement militaire. Là, ils devront apprendre à combattre vaillamment au nom de la foi orthodoxe, sans laquelle mieux vaut qu’ils périssent, qu’ils disparaissent à jamais d’ici-bas.

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    Gogol - Taras Boulba - Russie

    Le roman est saturé de tragique, de sang, de coup de feu, de sifflements des bûchers, d'incendies, de hurlements des blessés, mais il s'y trouve tant de scènes brillantes, de descriptions sonores, mélodiques comme des chants, de mouvement de masses, de caractères nationaux qu'on est captivé

    Gogol sait donner aux stéréotypes et au conventionnel une force épique par la puissance dynamique du récit par l'utilisation des sources populaires pour la représentation du caractère populaire, et enfin par un mélange d’héroïque et d'humour familier qui concilie à merveille les traditions de l'esprit ukrainien et celle de l'épopée. 

    Ce livre est une plongée dans l'univers très rude de ces combattants, vous découvrirez leurs mœurs brutales, les combats sanglants contre les polonais et les tatares. Mais aussi la beauté des steppes et du Dniepr, une vie d'aventures de liberté et d'honneur. Un livre majeur.

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    Gogol - Taras Boulba - Russie

      


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    Arturo Perez- Reverte - Le Tableau du maitre flamant

    Sur la toile peinte il y a cinq siècles, un seigneur et un chevalier jouent aux échecs, observés depuis le fond par une femme en noir.
    Détail curieux : le peintre a exécuté ce tableau deux ans après la mort mystérieuse d'un des joueurs et tracé l'inscription " Qui a pris le cavalier ? ", également traduisible par : " Qui a tué le cavalier " ? Tout cela n'éveillerait que des passions de collectionneurs si des morts violentes ne semblaient continuer la partie en suspens sur la toile. Et c'est ainsi que l'histoire, la peinture, la logique mathématique viennent multiplier les dimensions d'une intrigue elle-même aussi vertigineuse que le jeu d'échecs...

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    Arturo Perez- Reverte - Le Tableau du maitre flamant

    Arturo Perez-Reverte nous offre un polar captivant, qui se distingue par son originalité. La peinture flamande, l’histoire et la logique du jeu d’échec se trouvent mises au service de deux intrigues, séparées par cinq siècles, qui s’entremêlent et se relient étrangement. En plus d’un suspense magistral, il nous offre une belle palette de personnages, baroques, attachants et dotés de caractères bien trempés.

    Des faits remontant à cinq siècles, une partie d'échecs de haut niveau comme clé de l'affaire, voilà quelque chose que n'aurait pas renié Sherlock Holmes et sa logique. L'auteur n'hésite d'ailleurs pas à y faire référence très souvent dans le cours de l'intrigue, en la résolvant à la manière de Sherlock Holmes lui-même ou en peignant des personnages dans le même style ou encore en parlant de Moriarty. Mais en plus du côté policier, ce livre porte la réflexion encore plus loin en assimilant l'art, les échecs (et avec eux les mathématiques), la musique, la vie elle-même à une sorte de partie d'échecs géante et défiant le temps dans laquelle nous ne serions tous que des pions.

    Les personnages sont bien campés, tous originaux et pleins de caractère; on a du mal à les quitter et à refermer le livre pour reprendre le cours de la « vie normale ». Tout comme Julia, on est envoûté par l'atmosphère du tableau, finissant par y entrer et par se mêler à la partie. 

    A lire, et pas seulement par les amateurs de romans policiers !

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    Arturo Perez- Reverte - Le Tableau du maitre flamant

     

     


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    Alexandre Dumas - Les trois mousquetaires

    Dartagnan, un jeune noble de Gascogne, beau, honnête et courageux, vient chercher fortune à Paris. Son rêve est d'être engagé dans la compagnie d'élite des mousquetaires du roi.
    A Paris, il se lie d'amitié avec les trois mousquetaires : Athos, aristocrate au passé tragique et mystérieux, Porthos, solide gaillard, aimant la bonne chère et les beaux discours, et Aramis, jeune homme distingué sans cesse tiraillé entre son amour pour les femmes et son amour pour la religion.
    Bientôt inséparables, les quatre amis sont par hasard entrainés dans la lutte qui oppose les intérêts du cardinal de Richelieu à ceux de la reine Anne d'Autriche, qui a pour amant le duc de Buckingham...

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    Alexandre Dumas - Les Trois Mousquetaires

    Les Trois Mousquetaires est le type même des romans feuilletons dont les lecteurs des journaux de l'époque étaient friands.
    Destiné au grand public, le roman de Dumas possède toutes les caractéristiques du genre. Il est conduit à un rythme galopant.
    Duels, beuveries, poursuites, scènes de cour et coups de théâtre se succèdent dans un style simple et rapide, ou l'action prime tout.

    Emporté par le mouvement irrésistible de l'intrigue, le lecteur est séduit par ces héros musclés, pleins d'humour, au caractère entier et généreux, pour lesquels " impossible n'est pas français ", et qui font des folies pour le plaisir d'un beau geste. Les dialogues rapides et enlevés facilitaient la lecture du roman, et avaient l'avantage de relever le salaire du romancier que les journaux payaient à la ligne ! Ainsi, le valet Grimaud, taciturne et ne répondant jamais que par un seul mot, est-il un artifice ingénieux de Dumas. 

    " Mon premier désir, dit Alexandre Dumas, est illimité ; ma première aspiration est toujours pour l'impossible. Comment j'y arrive ? En travaillant comme personne ne travaille, en retranchant de la vie tous les détails, en supprimant le sommeil. "

     Il convient d'ajouter que la France a appris son histoire dans Dumas. " Elle n'y est pas entièrement vraie ; elle  est loin d'y être entièrement fausse ; et elle y est toujours merveilleusement bien dramatique " dira André Maurois.

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    Alexandre Dumas - Les Trois Mousquetaires

     


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    Stephen Crane - La Conquête du courage - Amérique

    L'action se déroule en 1863 lors de la guerre de Sécession.
    Henry Flemming, jeune adolescent plein d'illusions, rêve de s'engager dans l'armée. Il décide, malgré les mises en garde de sa mère, de quitter sa famille pour s'enrôler dans l'armée américaine.
    D'abord enthousiaste, le jeune homme, une fois sur les lieux, reste toutefois perplexe quant à sa réaction future face à l'attaquant. Les coups de canons éclatent : l'adolescent s'enfuit alors à toutes jambes. Il se retrouve errant dans la campagne environnante, pitoyable et honteux de sa lâcheté.
    Se rapprochant du champs de bataille, il reçoit malencontreusement un coup de crosse sur le crâne, donné par un fuyard apeuré. Sa blessure lui permet alors de déguiser sa fuite et de regagner son régiment en héros.
    Il terminera le combat avec fougue et bravoure, ayant acquis une certaine popularité au sein de son groupe.

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    Stephen Crane - La Conquête du courage - Amérique

    Le succès de la Conquête du courage, qui paraît en librairie en 1895, provient du fait que le livre sort peu de temps après la fin de la guerre de Sécession, l'Amérique étant encore fortement marquée par l’événement.
    Le livre connaîtra également un triomphe en Angleterre. Cet accueil sera pour le romancier une stimulation à poursuivre sa carrière littéraire.  


    D'abord perçue comme une oeuvre réaliste, il apparaît ensuite à certains critiques comme un roman naturaliste. De nombreux écrivains tel Hemingway, ont retenu la leçon, et Crane sera reconnu comme un précurseur du roman moderne américain.


    Bien que ne connaissant pas personnellement la chose militaire, n'ayant pas effectué son service, Stephen Crane, en s'appuyant sur les témoignages de vétérans, a décrit ce milieu avec beaucoup de vérité.

    Stephen Crane - La Conquête du courage - Amérique

     

     


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